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Les finances publiques en déclin : Les dégâts du populisme

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 Avec un déficit des comptes publics qui franchira sans doute la barre de 20% du produit intérieur brut, un fonds de régulation des recettes totalement épuisé, un baril de pétrole qui n’a aucune chance de dépasser 60 dollars cette année, la situation financière de l’Algérie a vraiment de quoi inquiéter. Il resterait, selon les propos du premier ministre 110 milliards de dollars de réserves de change, mais les récentes déclarations du Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, dans l’hémicycle du Sénat, ont jeté le trouble sur la pérennité de ces réserves sur la base desquelles, faut-il le souligner,  est calculée la valeur dinar par rapport aux devises.

Le patron de la politique monétaire du pays a en effet été très clair dans ses propos en affirmant notamment que le dinar n’est plus convertible et que nos réserves de change sont, non seulement faibles, mais aussi et surtout, très volatiles au point où elles ne permettent pas d’augmenter le montant de l’allocation voyages et encore moins d’ouvrir des guichets de change. Ces réserves estimées à environ deux années d’importations incompressibles ne serviront de ce fait qu’à assurer l’approvisionnement du pays, avait-il conclu en substance.

Puiser dans ces réserves qui maintiennent les équilibres macroéconomiques du pays serait, de surcroît, dangereux en cette période de subite poussée inflationniste (8,5% au début de l’année en cours), c’est pourquoi il faut absolument  en limiter le recours. Certains hommes politiques évoquent même de plus en plus souvent la possibilité de recourir à l’endettement extérieur comme pour préparer l’opinion publique à cette éventualité et il n’est pas du tout exclu que l’Algérie contracte ses premiers emprunts dès le début l’année 2018. Le gouvernement qui a besoin d’un baril supérieur à 100 dollars pour financer son train de vie très dépensier devra se contenter, estiment les spécialistes, d’un pétrole à 60 dollars tout au plus.

Embourbé dans un populisme ruineux mais qui lui permet de rester au pouvoir, les autorités algériennes n’oseront jamais opérer aux coupes budgétaires qui s’imposent de peur de déclencher de dangereux dérapages sociaux. L’emprunt qu’on se dépêchera de justifier par une remontée certaine des cours du pétrole à moyen terme, sera donc la solution la plus facile pour persister dans la voie du populisme et des ruineux transferts sociaux qu’il implique.   

Les recettes d’hydrocarbures étant essentiellement affectées aux dépenses de fonctionnement (salaires de nos 2 millions de fonctionnaires), à la réalisation d’équipements publics et aux transferts sociaux (soutien des prix, assainissements financiers des entreprises publiques, subventions et aides sociales diverses etc.) qui engloutissent, bon an mal an, entre 60 et 70 milliards de dollars chaque année, l’équilibre budgétaire n’est possible que lorsque les prix des hydrocarbures se situent à un niveau qui permet d’engranger des recettes de l’ordre de celles que Sonatrach avait encaissées lorsque les cours du pétrole étaient, entre 2002 et 2014, à leur apogée.

C’est dans ce contexte de déficit budgétaire que les autorités politiques algériennes doivent absolument faire un choix auquel elles n’ont pas été préparées, exception faite du court épisode de la crise de la fin des années 80, malheureusement vite oublié dés que les cours du Brent s’étaient mis à remonter. Ce choix consiste à apprendre à gérer le pays avec un pétrole bon marché, en convainquant notamment, l’Etat et la population à ne pas vivre au dessus de leurs moyens.

Un objectif indispensable mais très difficile à mettre en application tant les vieilles habitudes d’assistanat sont ancrées dans la société algérienne. Le front social court le risque évident de s’enflammer du fait des restrictions à imposer mais il n’y a, au regard de la situation financière alarmante qui prévaut déjà et s’aggravera sans doute dans les tous prochains mois, pas d’autres solution.

Il faudra choisir entre la paix sociale et la solvabilité de l’Etat, à défaut de laquelle aucune banque ni institution financière étrangère n’acceptera de prêter au pays l’argent nécessaire à la couverture des besoins les plus élémentaires. Les investisseurs étrangers déjà très réticents en raison des incertitudes que connait la scène politique algérienne tourneront également très vide le dos au pays.

Pour remédier au déclin des disponibilités financières du pays, il faudrait que le pouvoir prenne les décisions de politique économique en commençant par mettre fin au populisme ruineux qui a causé tant de dégâts aux finances publiques et fait de l’algérien un assisté de plus en plus détaché du travail productif. La situation politique, pour le moins compliquée, dans laquelle se trouve le pays n’est malheureusement pas propice à de telles décisions. L’Algérie est en effet dirigée par un chef d’Etat qui concentre tous les pouvoirs mais qui n’a malheureusement pas la santé physique requise pour prendre des décisions politiques aussi fortes.

Le système de gouvernance algérien étant ainsi bâti, il n’y aucune chance qu’un politique en exercice prenne le risque de mettre en œuvre des réformes, sans l’accord du tout puissant président. Cette panne de l’économie en grande partie générée par l’absence de réformes n’a de chance de prendre fin qu’à la faveur de la nouvelle alternance qui se dégagera à l’occasion de la prochaine élection présidentielle. Le populisme continuera, entre temps, à pomper les dernières ressources budgétaires du pays, tout en poussant le gouvernement en manque, vers l’emprunt extérieur.

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