- Advertisement -
L’inflation que les fondamentaux de l’économie algérienne ont contenu quinze années durant à des proportions acceptables, a entamé son premier grave dérapage en Août 2016 en faisant un inquiétant bon à 5,8%, puis un second à un peu plus de 7% en décembre dernier, selon les chiffres publiés au tout début de l’année en cours par le ministère du Commerce. Le taux d’inflation n’était, est-il bon de le savoir, que 3% en 2014, à l’entame du déclin des prix des hydrocarbures.
C’est un taux d’inflation artificiellement comprimé qui pourrait allègrement dépasser 10, voire même 12%, si le gouvernement venait à abandonner sa politique de soutien des prix aux produits de premières nécessité et à donner son authentique parité au dinar, estiment pratiquement tous les économistes que nous avons interrogés sur la question.
Ce processus de retour à la vérité des prix ayant été engagé au moyen de la loi de finance pour l’année 2017 qui vient à peine d’être mise en application, tout porte à croire que les algériens ne tarderont pas à découvrir le visage hideux de cette vérité des prix qui a du reste commencé à poindre sur de nombreux segments de marchés.
Ce retour de l’inflation, voire même de l’hyper inflation (plus de 10%), qu’on avait subi dans les années 90, est tout à fait prévisible dés lors que le confort financier dans lequel baignait le pays a été compromis par la chute forte et durable de la rente pétrolière qui avait commencé en 2014. Ce subit effondrement des recettes d’hydrocarbures a en effet gravement déstructuré le budget de l’État et amoindri les avoirs en devises du pays, au point d’avoir contraint la Banque d’Algérie à dévaluer le dinar d’environ 25% par rapport au dollar américain en moins d’une année, au moment où le billet vert enregistrait une fulgurant hausse. Pour un pays qui importe l’essentiel de ses produits de subsistance et dont le fonctionnement de l’industrie et de l’agriculture dépend de l’importation des inputs et matières premières, la dévaluation du dinar est sans doute la première cause du regain d’inflation qui s’est opéré mécaniquement au moyen de cette baisse tendancielle de la parité.
On estime que les prix des produits importés ont renchéri d’au moins 20% en moyenne, uniquement du fait de la dévaluation du dinar par rapport au dollar et l’euro. À moins d’un retournement spectaculaire de la conjoncture pétrolière (qu’aucune raison objective ne permet malheureusement d’espérer), la dérive du dinar avec ses conséquences négatives sur les prix des produits importés, a toutes les chances de se poursuivre et s’amplifier, au minimum, cette année encore.
À cette dévaluation du dinar qui a fortement ébranlé les prix à la consommation en 2016 (le cas des véhicules a été le plus spectaculaire), sont venus s’ajouter dès le début de l’année en cours, toute une batterie de taxes instaurées par la loi de finances pour l’année 2017 (généralisation de la TVA, valeurs administrées pour les fruits importés, taxes supplémentaires pour les carburants, les cigarettes, les alcools et autres) qui feront nécessairement flamber les prix à la consommation.
Par ailleurs, les augmentations appliquées aux carburants, ne manqueront pas d’impacter négativement les prix de certains produits et services, comme par exemple, les transports, la location d’engins de travaux publics et de matériel agricole qui fonctionnent au mazout.
Toutes ces mesures prises par le gouvernement pour compenser l’érosion de ses ressources budgétaires sont dictées par la nécessité et ne peuvent par conséquent être abrogées du jour au lendemain. Premières à en être pénalisées, les couches les plus vulnérables de la population, devront donc faire longtemps avec ces mesures d’ajustement qui vont, à l’évidence, contribuer à les appauvrir encore davantage. De graves dérapages du front social sont évidemment à craindre, ce que le gouvernement tente de gérer à sa manière en recourant, comme nous l’avons souvent constaté, aux moyens de la répression.
Ce dernier sait pourtant pertinemment que le moyen le plus efficace de lutte contre l’inflation est la productivité du travail (une des plus faibles au monde actuellement), la lutte contre le marché parallèle, la stabilisation du dinar et l’essor des exportations hors hydrocarbures. Autant mesures indispensables qu’il ne peut malheureusement se permettre d’engager, dans l’état actuel de gouvernance du pays.
- Advertisement -