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Le Nouvel Environnement Mondial

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Il y a juste quelques mois le processus de globalisation était considérée une « vache sacrée ». La grande majorité des analystes envisageait la dynamique comme irréversible ; et celui qui ne suivrait pas le mouvement serait lâché à tout jamais par le mouvement économique mondial. Les décideurs politiques étaient pressés de tout part par la vaste majorité des commentateurs à saisir l’opportunité de s’intégrer, pour ne rater l’opportunité du siècle d’améliorer les performances économiques du pays. Certes, une poignée de « rebelles » contestait les bienfaits de la mondialisation et orientait les décideurs vers plus de discernement. Ce sont principalement des économistes d’orientation anti système, la plupart d’anciens marxistes ou des keynésiens du centre gauche. Mais très peu de gens les écoutait. On considérait qu’ils avaient une revanche à prendre sur le système. Après tout, la réalité avait les avait débouté par le passé. Tous leurs pronostics s’étaient avérés irréalistes.

La chute du mur de Berlin avait initié un processus de démantèlement physique des régimes socialistes. Mais plus que cela ! C’était toute une conception du monde qui se dissipait. Il ne semblait y avoir alors qu’une seule voie. C’était l’époque ou les institutions internationales recrutaient les éminents économistes libéraux qui constituaient les promoteurs du consensus de Washington. Les mécanismes de fonctionnement économique décrits par ces auteurs étaient complexes mais les recommandations fort simples : il faut promouvoir le secteur privé, s’ouvrir au reste du monde dans tous les domaines (commerce, capitaux, investissements), éliminer toute forme de subvention, équilibrer le budget, réduire la taille de l’état et tout rentrerait dans l’ordre. Le marché était considéré comme suffisamment performant pour permettre à la multitude d’acteurs d’orienter l’économie vers une trajectoire salutaire. Il ne faut surtout pas confectionner des régulations qui empêcheraient les forces du marché de jouer. On croyait réellement aux enseignements classiques ponctués par la fameuse formule de la main invisible qui pousserait les acteurs économiques à promouvoir le bien être pour tous ; alors qu’au début ils ne cherchaient que leurs intérêts propres.

Les premières fissures

Au début des années quatre-vingt-dix rares sont ceux qui remettaient en question ces orientations érigées en dogme économique. On considérait que la fin de l’histoire économique était proche. Tout comme Fukuyama développait sa théorie politique et sociologique sur la fin de l’histoire tout court, on était tout prêt d’annoncer l’universalité de la doctrine de Washington. L’ère du libéralisme extrême triomphant ne laissait personne indifférent. Une extrême minorité le combattait mais la majorité l’encensait. Cependant, de nombreuses fissures commençaient à apparaitre un peu partout dans l’édifice central. La première alerte était venue d’Asie. Les institutions internationales avaient pressé les pays d’Asie d’ouvrir leurs marchés aux capitaux financiers. On a attiré quelques investissements mais surtout des flux financiers spéculatifs sur les monnaies, les bourses et l’immobilier. Des pays qui étaient des dragons économiques comme la Corée du Sud, la Malaisie et l’Indonésie se trouvaient alors enfoncés dans un marasme économique jamais vu en Asie. Une recommandation forte du consensus de Washington venait de mettre en grand danger des nations qui étaient prospères avant, son application. Le doute commençait à s’installer.

Mais ce n’était que le début d’un processus de remise en cause. Le second grand coup de boutoir adressé à la mondialisation concerne la crise des Supprimes de 2007. En effet, bien avant on a procédé à la dérégulation des marchés financiers. La « théorie de l’efficience des marchés en prend un terrible coup ». Comment expliquer que des agents économiques libérés des carcans des administrations publiques puissent prendre de tels risques inconsidérés et mettre en péril l’économie mondiale ? Des gens commencent à s’interroger. Si la finance libérée a pu produire des effets néfastes qui avaient menacé la stabilité économique mondiale, quelles dispositions sont à prendre pour se voir plus protégé des aléas mondiaux ? On commence alors à comprendre que les principes économiques sur lesquels étaient assise la mondialisation étaient fragiles, risqués et trop imprévisibles. Les replâtrages qui eurent lieu étaient nettement insuffisants. Par ailleurs, l’approfondissement de la mondialisation avait aggravé le problème du réchauffement climatique, principale menace sur le devenir de l’humanité. Le nombre d’économistes qui remettaient en cause la mondialisation ne cessait d’enfler. D’autres problèmes surgissent. Mais le principal proviendrait des promoteurs de la mondialisation elle-même.  Les USA veulent se retirer du traité nord américain de libre échange. La grande Bretagne est entrain de finaliser son Brexit. Même l’Asie souffre de problèmes géopolitiques entre la Chine, le Japon et Taiwan.

Ce que nous Pouvons en Tirer

L’édifice de la mondialisation est entrain de s’écrouler. Beaucoup d’économistes craignent que cela n’entraine des politiques de replis sur soi (Beggar thy Neighboor Policies) qui avaient produit la crise économique de 1929. Le début de l’effondrement des grands blocs est un signal fort de la remise en cause du processus de globalisation. On peut considérer que c’est un repli transitoire et que sur le long terme on reviendrait à de meilleurs raisons. Ce serait une alternative crédible. Une pause dans la dynamique permettrait de corriger les défauts les plus criards de la mondialisation. Apparemment, ce n’est pas ce que veulent exactement les décideurs politiques. Les programmes de la plupart des candidats aux élections démocratiques des pays avancés contiennent pour la majeure partie des idées de remise en cause. Ce serait une indication que le démantèlement progressif des grands blocs va continuer. L’administration Trump ne va peut être pas durer au-delà de quatre ans mais les idées de remise en cause se propagent partout dans les consciences politiques au grand dam des économistes ultra libéraux.

Notre pays s’est arrimé surtout à la mondialisation par le mauvais bout : le commerce extérieur. Nous avons l’une des plus fortes progressions au monde avec plus de 15% de croissance annuelle des importations de 2000 à 2014 couplée avec une légère réduction des exportations. Les importations qui se situaient autour de dix milliards de dollars en l’an deux mille avaient dépassé les 65 milliards en 2014. Notre arrimage à l’union Européenne induisait une perte considérable. Bien sur que nous avons une grosse part de responsabilité. Certains pays (Tunisie) ont plus gagné que perdu dans le processus d’intégration, vu les résultats obtenus en matière de mise à niveau. Il est beaucoup plus facile de négocier actuellement une sortie de cet accord. Sa lecture laisse perplexe. Comment a-t-on pu négocier un accord aussi déséquilibré ? Sachant que la mise à niveau a donné des résultats mitigés et que très peu d’améliorations seront faites à ce niveau, mieux vaut ne pas continuer dans un processus d’ouverture qui nous sera défavorable. Aujourd’hui on assiste à un processus de démantèlement de la globalisation. Même des grandes puissances économiques comme les USA et le Grande Bretagne se sentent lésés par la mondialisation alors qu’ils l’ont propagée, soutenue et en ont tiré beaucoup de bénéfices, parfois peu visibles. Nous qui avons beaucoup perdu dans le processus gagnerons vite à remettre en cause un traité très mal négocié et qui a causé beaucoup de ravages à l’économie nationale.

Pr. A. Lamiri

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