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Le climat des affaires réduit l’espérance de vie des entreprises algériennes

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Les baromètres périodiques publiés par le Forum des Chefs d’Entreprises font régulièrement part de l’état de déprime exprimé  par les entrepreneurs algériens et, notamment, les patrons des petites et moyennes entreprises qui sont de très loin les plus nombreuses. Les dirigeants des 600.000 PME, PMI et Startups qui constituent l’essentiel du tissu économique algérien, se plaignent en effet régulièrement difficultés multiformes qu’elles éprouvent pour se maintenir en vie et, éventuellement, prospérer.
Même si des « succès stories » sont signalées ça et là, la mortalité excessive des entreprises constitue en effet la triste réalité de la jeune démographie entrepreneuriale algérienne. En 2011 déjà l’Office National des Statistiques avait estimée la disparition annuelle d’entreprises, à environ 40.000 en 2011, soit à peine de quoi couvrir les naissances qui ne dépasseraient guère 50.000 sociétés. Des naissances de surcroît « provoquées » par des dispositifs d’aides étatiques (Ansej, ADS, CNAC et autres) qui avaient dépensé  pas moins de 12O milliards de dinars à l’effet d’inciter les jeunes à lancer leurs propres affaires.
Au minimum 500.000 TPE et Startups  auraient vues le jour de 2011 à 2015 selon des estimations crédibles émanant de diverses sources. Les pouvoirs publics n’ayant pris aucune décision forte de nature à améliorer la principale cause de mortalité qu’est le climat des affaires, la « casse » s’est poursuivie tout au long de cette période prolifique en naissances mais malheureusement désastreuse sur le plan de la mortalité. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le souci des nouvelles entreprises ne consiste plus comme par le passé à prospérer, mais seulement, à survivre en attendant une hypothétique amélioration de l’environnement des affaires.
 
Le sort des entreprises qui activent en Algérie est en effet fortement dépendant d’un faisceau d’actions à caractère législatif et réglementaire que seul l’État est habilité à prendre en leur faveur. S’il est vrai que les pouvoirs publics ont pris bon nombre d’initiatives destinées à faciliter la création d’entreprises (le nombre de procédures de création d’entreprises a été réduit, le poids de la fiscalité est moins lourd, les mesures incitatives plus nombreuses et certaines dispositions de la nouvelles Constitutions prometteuses), il n’en demeure pas moins que sur le terrain, la bureaucratie et les réglementations anachroniques continuent à torpiller les initiatives en faveur des changements souhaités par les hommes d’affaires.
L’octroi de terrains à usages industriels, la délivrance de permis de construire et de lotir, les branchements à l’électricité, au gaz, à l’eau, à l’internet haut débit et autres, constituent aujourd’hui encore de sérieux obstacles.
L’obtention de crédits bancaires pour financer l’exploitation et l’investissement relève toujours du parcours du combattant, notamment, lorsque l’entreprise est implantée à l’intérieur du pays. La bureaucratie s’avérera d’autant plus tatillonne que ces nouvelles entreprises appartiennent à des opérateurs privés, envers lesquels l’administration publique continue à manifester une certaine méfiance, parfois même, de l’hostilité.
L’Etat qui n’est économiquement présent qu’à travers deux mille entreprises publiques économiques maintenues artificiellement à coups de ruineux assainissements financiers, a pourtant tout intérêt à concentrer ses efforts sur ces sociétés privées qui ont, au moins, le mérite de réaliser de la valeur ajoutée sans recourir à l’argent du contribuable comme c’est le cas des entreprises publiques qu’il faut constamment maintenir à flot avec l’argent du trésor.
Dans cette ambiance peu favorable à la démographie des entreprises, seules quelques très rares entreprises bien capitalisées, mais aussi et surtout, bien managées parviennent à tirer leur épingle du jeu de ces défaillances multiformes.
La faible espérance de vie de l’écrasante majorité d’entre elles s’explique en grande partie par cet environnement des affaires délétère, que les pouvoirs publics ne parviennent malheureusement pas à améliorer.
Mais quelles soient publiques ou privées, force est de constater que ce sont surtout les petites et moyennes entreprises, et notamment les plus petites d’entre elles (TPE), qui ont payé le plus lourd tribut à ce mauvais environnement des affaires. La vulnérabilité de ces dernières est principalement due à leur fragilité patrimoniale, à l’archaïsme de leur gestion et au manque de rigueur de leurs business plans.
Autant de facteurs qui ont influé sur la mise en faillites et les changements forcés d’activités de plusieurs milliers d’entre elles. En effet, bon nombre de ces sociétés qui ne disposent pas des atouts nécessaires pour faire face aux radicaux changements intervenus ces vingt dernières années en matière de conduite des affaires qui devait impérativement intégrer deux contraintes majeures.
La première de ces contraintes a trait à la baisse de la demande intérieure conséquente à la réduction du pouvoir d’achat des consommateurs et à l’intrusion massive de produits étrangers, parmi lesquels d’importants lots d’articles contrefaits vendus à des prix défiants toute concurrence. Parce qu’elles ont investi des segments de marché saturés et de surcroît fortement concurrencés par l’informel et la contrebande, de nombreuses entreprises algériennes ont de ce fait dû se résoudre à changer d’activité pour échapper à la faillite.
Le drame de ces reconversions consiste malheureusement en la transformation forcée d’activités industrielles en activités de Bazar, consistant à importer des produits finis qui seront revendus en l’état. Pour toutes les raisons que nous avons évoquées, créer des entreprises, mais aussi et surtout, les garder longtemps en vie,  constitue aujourd’hui encore une véritable gageure en Algérie.
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