Arnaud Montebourg, candidat déclaré à la présidentielle française et l’architecte de la rénovation du PS, au cours d’une rencontre avec la presse à l’Hôtel Sofitel à Alger, a défendu bec et ongles le principe de colocalisation dans les relations économiques entre l’Algérie et la France.
Un principe d’ailleurs consigné dans les accords du partenariat d’exception paraphé en 2012 par les Chefs d’Etats Bouteflika et Hollande et dans lequel il a été un acteur nodal en tant que ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique.
Il juge ce partenariat comme consacrant une relation économique égalitaire. Un partenariat faut-il le rappeler, qui avait pour objectif, dans le cadre de la colocalisation de permettre le transfert de technologie par la réalisation de projets structurants et la mise en place de plateformes industrielles.
L’ancien ministre français a révélé que « les propositions que j’ai faites au gouvernement algérien et que je rêve de voir concrétisées est que des investisseurs algériens viennent produire en France et que les français viennent produire en Algérie, car nous voulons construire une relation d’égal à égal, où les échanges sont à pied d’égalité et non imprégnée de l’esprit postcolonial où il ya les dominants et les dominés ».
Cependant ce partenariat risque de partir en vrille au vu du flou politique qui caractérise l’avenir des relations bilatérales avec la montée du discours populiste haineux provenant des sphères politiques françaises, de la Droite comme de l’Extrême droite, mais l’ancien ministre opposé aux divisions en France, n’en démord pas et qualifie le partenariat d’exception de « réussite ».
Il en veut pour preuve, le projet Renault « c’est un partenariat qui marche et qui a réussi, a-t-il affirmé en expliquant que Renault en était l’exemple édifiant ; « J’ai signé moi-même le pacte d’actionnaires avec Carlos Ghosn et les autorités algériennes, du point de vue algérien comme du point de vue français, cette installation d’usine est très positive, du point de vue algérien, c’est d’abord la création d’emplois, l’entrée de l’Algérie dans l’automobile pour produire exclusivement des modèles qui sont consommés sur le marché algérien, c’est du produit local, aucun véhicule à Oran n’est destiné à être réexpédié vers l’Europe ».
Estimant que « du point de vue de la France, c’est également gagnant, car finalement, ce n’est pas une délocalisation puisque les voitures qui étaient auparavant importées de Turquie sont fabriquées maintenant à Oran. Il n’ ya pas de pertes pour la France, il ya au contraire un gain puisque Renault, dans son alliance avec Nissan est en train de gravir les échelons mondiaux pour prétendre à la première marche du podium mondial comme étant le premier constructeur automobile et j’espère que dans les années à venir, nous réaliserons cette ambition. C’est un groupe qui multiplie les acquisitions et les implantations et ses parts de marché progressent partout ».
En ajoutant que « c’est ce que j’appelle une colocalisation gagnant/gagnant. La France se développe mais ne vide pas ses usines, l’Algérie est gagnante parce qu’elle crée des emplois, elle fait travailler les ouvriers algériens, elle acquiert du savoir-faire, la totalité de l’encadrement est d’ailleurs algérien à l’exception du directeur qui a monté l’usine avec les algériens. L’ensemble de la sous-traitance qui est venue s’agréger est positif pour l’Algérie ».
Cevital un exemple de partenariat gagnant/gagnant
L’autre exemple cité par l’homme politique est celui du magnat algérien Mr Rebrab, qu’ il a encensé « Cevital, a-t-il souligné, qui a racheté deux usines en France, une usine de volets roulants automatiques, c’est comme ça que l’ai rencontré dans mon département électoral, Saône-et-Loire, qui s’appelle OXXO acheté en 2011, une entreprise qui avait déposé le bilan, le projet de Mr Rebrab était de la racheter et de créer une autre unité de production en Algérie, compléter l’ensemble de la production, diminuer le coût moyen unitaire et se placer sur les marchés européen et africain avec des prix moins chers ».
« Conséquence de cette stratégie, a-t-il affirmé, le patron de Cevital « a doublé le chiffre d’affaires dans l’usine en France, réembauché en Saône-et-Loire, créé des emplois en Algérie, il a gagné et fait gagner des parts de marchés à la marque française dont il est devenu propriétaire, la France a gagné en emplois et l’Algérie également. Il a fait la même la chose avec FagorBrandt en créant 2000 emplois à Sétif ». En déclarant « moi j’ai soutenu Mr Rebrab quand il a racheté Fagor-Brandt, toutes les marques d’électroménagers qui étaient en faillite, Vedette, Sauter et De Dietrich. Il a sauvé des usines en France, il a créé des emplois en France et a pu augmenter son chiffre d’affaires en France et il a créé des emplois complémentaires en Algérie, produit un certain nombre de produits sous la même marque en Algérie qui sont moins chers, tout en créant une base productive complémentaire, en Algérie donc c’est gagnant/ gagnant pour la France qui sauve ses emplois et pour l’Algérie qui en crée ».
L’hôte d’Alger a expliqué que « le projet Renault est de faire les carcasses des véhicules à Oran actuellement acheminées par containers depuis la Roumanie mais pour l’instant, il n’ ya pas assez de voitures produites en Algérie donc il faut augmenter la production et atteindre au moins 100 000 véhicules, cela suppose des investissements pour que ce soit rentable. L’usine est récente, elle n’a que deux ans, mais son objectif est de monter en puissance ».
L’Algérie un partenaire fondamental
Le candidat déclaré à la présidentielle française estime que « la question du développement africain est fondamentale et l’emploi pour les jeunes est à l’ordre du jour ; J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’en faire une campagne pour sensibiliser l’opinion publique et ce sera un des points sur lequel je m’engagerai dans cette campagne qui commence l’année prochaine. D’ailleurs la France et l’Algérie sont parfaitement qualifiées pour agir ensemble sur le développement de l’Afrique. L’Union européenne doit mobiliser ses financements. On a donné des milliers de milliards aux banques qui ont été incapables de relancer la croissance et financer les projets de développement en Europe, il suffirait comme disait Jean Louis Borloo sur le plan de l’électrification de trouver 250 milliards d’euros pour être capables d’électrifier le continent africain ». Il considère que « l’Algérie et la France sont au cœur des enjeux de développement de l’Afrique et peuvent parfaitement s’unir de façon extrêmement fortes quelque soient les circonstances et les vicissitudes pour engager cette politique ensemble. Le message que je suis venu apporter est un message de construction de l’avenir en commun avec tous ces défis et ces enjeux qui sont devant nous, qui sont plus intéressants d’ailleurs que les querelles mémorielles, dans lesquelles on peut évidemment s’enfermer. C’est une des raisons pour lesquelles, je crois utile de laisser les historiens écrire et de s’engager dans l’avenir ».