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Kamel Ait Cherif, expert international en économie d’énergie : « Seul un consensus entre OPEP et Non-OPEP peut stabiliser les prix du pétrole »

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Les prix du pétrole ont enregistré un rebond ce week-end suite à la baisse des stocks de brut américains et de l’éventualité d’un accord sur la réduction de la production lors de la réunion informelle de l’OPEP fin septembre à Alger. Mais cette embellie à effet yoyo n’est pas pour durer selon bon nombre d’observateurs. Quant à un accord, vu les divergences au sein des pays producteurs de pétrole de l’OPEP et hors OPEP pour stabiliser les prix demeure, selon plusieurs experts, difficile. L’expert international en économie d’énergie, Mr Kamel Ait Cherif nous livre, dans cet entretien son analyse de la situation du marché pétrolier.

Algérie-éco : Quelle est votre analyse  concernant les derniers développements du marché pétrolier ?

Kamel Ait Cherif : Le marché du pétrole  restera déséquilibré tant que l’équation énergétique mondiale n’est pas réglée. La situation demeurera  telle quelle et les prix ne pourront pas être régulés. Il ya un nouvel ordre énergétique mondial où on enregistre une abondance de l’offre par rapport à la demande. C’est cette équation qu’il faut traiter pour  arriver à équilibrer le marché. On peut toujours spéculer sur les prix, ces derniers continueront à fluctuer. On peut faire autant de prévisions que l’on veut, cela ne sert à rien car le marché pétrolier est volatile. On ne peut pas le maitriser. La seule solution réside dans un consensus pas seulement au sein de l’OPEP qui ne représente que 40% du marché mondial mais surtout entre l’OPEP et non OPEP, ce consensus doit  aboutir à renforcer la synergie entre ces pays producteurs pour qu’il y’ait  des convergences sur  l’équilibre du marché en termes d’offres et de demandes et c’est seulement à ce moment-là qu’on peur parler de maitrise des prix du pétrole sur le marché mondial. Tant qu’il n ya pas cette synergie, l’équation restera non réglée et les prix continueront à fluctuer et le marché volatile.

Mais comment aboutir à ce consensus sachant que déjà au sein de l’OPEP, l’entente est difficile?

Effectivement ! La réunion de Doha a été un échec. Les ministres du cartel, qui pompe environ un tiers du brut mondial, ne s’étaient pas non plus fixés de plafond de production lors de leur réunion à Vienne le 2 juin, non plus jugeant leur production raisonnable et validée par la progression tendancielle des prix après un plus bas atteint en janvier dernier. Mais il faut savoir que le seul pays au sein de l’OPEP qui a un rôle majeur à jouer est l’Arabie Saoudite, quant au sein des pays des  Non-OPEP, c’est la Russie. Ces deux grands pays producteurs ont les cartes entre les mains. Ils seront obligés de s’entendre vu que les prix sont bas. Pourquoi ? Tant que le niveau des prix est bas, les investissements  dans la production se feront rares car les coûts  de production sont exorbitants, par conséquent les prix de vente sont faibles et les marges sont minimes, ils ne permettent pas  de réinvestir et d’assurer la rentabilité. D’un autre côté, cette faiblesse des investissements aura un effet sur l’offre qui va diminuer et sera en adéquation avec la demande mais pas cela ne se fera pas dans l’immédiat. Il faut savoir que les prix du pétrole impactent également ceux du pétrole du schiste, beaucoup de gisements ont été mis à l’arrêt aux Etats-Unis. Cette situation ne profite pas à tout le monde donc, tous les pays y compris les USA ont intérêt à ce que les prix s’équilibrent. Ils devront intervenir d’une façon ou d’une autre. Seule solution comme je l’avais dit plus haut, est une réduction de la production. Seulement voilà les pays du Golfe, à leur tête l’Arabie saoudite ont à mainte reprise fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel, notamment la Russie s’engageait dans cette voie. Le  ministre de l’énergie  russe a annoncé que son pays allait participer à la prochaine réunion avec l’Organisation des pays exportateurs de pétrole prévue en octobre à Vienne. On peut dire que cette participation ouvrira peut-être une petite lucarne d’espoir mais il faut également que l’Iran soit partie prenante, mais il ya l’intérêt économique qui prime pour que l’Iran accepte un éventuel accord, il lui faut une contrepartie. C’est un pays qui vient de sortir de l’embargo et a besoin de ces recettes pétrolières pour faire tourner son économie en berne depuis des années.

Qu’en est-il de la réunion d’Alger  au mois de septembre, est-ce que vous pensez qu’elle aboutira à du concret ?

La réunion informelle des pays membres de l’OPEP prévue en marge du 15e Forum international de l’énergie, organisé du 26 au 28 septembre en Algérie  pour le rétablissement de la stabilité et de l’ordre dans le marché pétrolier n’est pas une réunion formelle donc elle n’a pas à aboutir à  un accord et je doute qu’on décide quoi que ce soit durant cette rencontre, je crois plutôt que c’est sur demande du Venezuela qui peine à redresser la pente de son économie qu’elle a été programmée. L’Algérie en tant que membre de l’OPEP même si ce n’est pas un membre déterminant, pourrait jouer un rôle politique et diplomatique mais comme je l’avais précisé, il sera difficile de mettre tout le monde d’accord notamment avec l’entrée sur l’échiquier de l’Iran, l’Irak et la Libye qui eux veulent se remobiliser sur le marché. La seule solution à préconiser encore une fois est une décision franche et tranchée  pour la  réduction de la production. Pour ce faire, seul un consensus entre OPEP et Non-OPEP peut stabiliser les prix du pétrole et arrêter ces fluctuations. Ce ne sera pas facile, au regard des tiraillements à l’intérieur de ces cartels.

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