Le crédit à la consommation n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. En effet relancé depuis six mois, le crédit à la consommation semble patiner au niveau des banques publiques alors que les établissements bancaires privés mettent les bouchées doubles pour drainer davantage les clients potentiels.
Plusieurs banques privées ont d’ores et déjà entamé l’octroi de ce type de crédits aux clients demandeurs de prêts pour produits électroménagers et véhicules fabriqués localement. Ce qui n’est pas le cas chez les banques publiques dont la plupart prétend que la procédure à suivre pour l’attribution de ces crédits n’est toujours pas fixée, selon une enquête réalisée par l’APS auprès de plusieurs agences bancaires.
« Nous n’avons reçu aucune directive quant à la prise en charge des dossiers des crédits à la consommation exceptés les documents relatifs aux taux d’intérêt applicables », selon un conseiller client d’une agence d’une banque publique.
Même son de cloche au niveau des agences d’autres banques publiques qui affirment ne pouvoir fournir aucune information aux postulants désireux contracter ce crédit: « La Banque d’Algérie nous a transmis les documents concernant le taux d’intérêt et nous attendons toujours les instructions sur les démarches à suivre ».
Selon un autre, son agence attend toujours la liste des documents à fournir pour la constitution du dossier, ainsi que le simulateur de crédit et l’installation de la Centrale des risques des entreprises et ménages (CREM).
Mais le président de l’Association des banques et des établissements Financiers (ABEF), Boualem Djebbar, a assuré à l’APS que cette Centrale des risques est déjà opérationnelle depuis des mois.
Pour rappel, la CREM a pour rôle de s’assurer de la solvabilité du consommateur-emprunteur et d’éviter son surendettement, en assurant une gestion interbancaire des risques de crédits en intégrant dans son système tous les prêts contractés et les données relatives à la clientèle, y compris les défauts de paiement.
Il est observé que même dans les rares cas où certains établissements bancaires publics eurent amorcé la mise en place de ce dispositif à travers l’élaboration des formulaires de demande et la définition des pièces constitutives du dossier, les prêts n’ont pas pour autant été débloqués.
D’après une conseillère crédit au niveau de l’une de ces banques, le dispositif a été instauré pour débuter l’opération de collecte des dossiers, mais ce n’est qu’une fois que le système de simulation du crédit sera opérationnel que les crédits pourront être attribués.
En revanche, dans les banques privées, la machine semble plus huilée en vue d’attirer le maximum de clients au crédit à la consommation à coups de de campagnes publicitaires et de prospectus distribués au niveau de leurs agences.
« L’opération d’octroi du crédit à la consommation se déroule dans de bonnes conditions », relève une conseillère client plongée dans l’examen d’un dossier d’une cliente dont le crédit à la consommation demandé servira à l’achat de meubles du nouveau logement acquis avec son conjoint.
De son côté, un responsable d’une banque privée fait savoir avoir lancé ce produit bancaire en février dernier et a reçu, un mois plus tard, plus de 5.000 demandes d’informations (simulations de crédits) pour plus de 2,2 milliards DA.
Electroménagers de cuisine et véhicules plus prisés
« Les produits blanc, brun et mobilier (BBM) représentent 93% des demandes de crédit, tandis que le reste (7%) concerne l’automobile », note-t-il.
Les « produits blancs » désignent les produits électroménagers destinés en priorité à la cuisine ou à la salle de bain (lave-linge, réfrigérateur, four…), tandis que les « produits bruns » portent sur les produits électroménagers de loisirs (téléviseurs, chaînes hi-fi…)
Selon lui, 2.000 crédits à la consommation ont fait l’objet d’un montage complet de dossiers dont 50% ont déjà été attribués.
Chez une autre banque privée, ce sont 2.200 crédits à la consommation qui ont été accordés pour l’achat de véhicules.
Quant aux taux d’intérêt, ils ont été fixés entre 6% et 8% chez les banques publiques et à 10% chez les banques étrangères, avec des délais de remboursement oscillant entre 6 mois et 5 ans en fonction du montant de prêt octroyé.
Pour le président de l’ABEF, M. Djebbar, le lancement du crédit à la consommation par une banque n’est pas obligatoire mais dépend de ses choix stratégiques.
Certaines banques, explique-t-il, ne jugent pas opportun de lancer ce crédit ou préfèrent attendre de voir d’abord le comportement des consommateurs.