La publication il y a une dizaine de jours du communiqué de presse du Fonds Monétaire International (FMI)qui résume en quelque sorte le rapport annuel sur l’économie algérienne confectionné suite aux consultations de l’année 2016 au titre de l’article IV de ses statuts a donné lieu à de nombreux commentaires. On peut résumer ces commentaires à travers deux positions. Il y a en premier lieu la position qui a surtout relevé le satisfecit du FMI quand à la capacité de l’Algérie de faire face au choc induit par la baisse des prix du pétrole. En deuxième lieu, il y a la position qui a consisté à relever les signaux envoyés par le FMI aux autorités pour qu’elles soient plus offensives dans l’application des reformes. En fait le FMI produit la même analyse depuis plusieurs années. Le Fonds mettait en garde les autorités sur la nécessité de diversifier l’économie afin de sortir de la dépendance des hydrocarbures et la révision du système des subventions qui alourdissait l’équilibre budgétaire. C’était peine perdue dans la mesure où les prix élevés du pétrole permettaient une politique de dépenses sans retenue. Pour l’instant et tant que les autorités ne font pas appel à un emprunt extérieur pour le déficit budgétaire ou la balance des paiements, le FMI ne pourra pas devenir un acteur qui interviendra dans la conduite des affaires en Algérie comme il a eu à le faire durant les années 1990 après la situation de cessation de paiement qu’a vécue le pays. Mais au vu de l’évolution de certains indicateurs, il y a le risque que le FMI change de statut. Cette situation pourrait intervenir lorsque les réserves de change connaîtront une baisse sérieuse dans quelques années.il est difficile de déterminer l’année car les recettes des exportations détermineront la période en question et les prix du pétrole joueront un rôle dans ce cadre.
En fait même si le rapport annuel du FMI recèle beaucoup de conseils sur les mesures qui devraient être prises par le gouvernement, on ne trouve pas encore dans la documentation un caractère qui indique une injonction ou même une sommation comme il a été écrit dans un média étranger.
Mais le FMI a proposé dans ce rapport un véritable programme d’ajustement structurel dont le contenu n’est pas très différent du programme d’ajustement structurel appliqué sur injonction dans les années 1990 pour rééchelonner la dette extérieure après la situation de cessation de paiement.
En fait le FMI demande aux autorités de procéder elles mêmes à cet ajustement sans injonctions avant peut être de devoir le faire dans le cas de conditionnalités issues d’un emprunt.
La première intervention que le FMI demande est celle qui touche à la monnaie. En effet malgré le glissement du Dinar opéré depuis la chute des prix du pétrole, soit près de 20 % environ, le FMI juge que ce n’est pas suffisant.
Le FMI a estimé que « Conjuguée à l’assainissement budgétaire et aux réformes structurelles, une plus grande flexibilité du taux de change faciliterait l’ajustement au choc sur les cours du pétrole. Bien qu’il se soit un peu déprécié en 2015, le TCER reste nettement surévalué. L’assainissement budgétaire et les réformes structurelles, appuyés par une plus grande flexibilité du taux de change, aideraient à ramener le TCER vers sa valeur d’équilibre et contribueraient à rééquilibrer l’économie. ». Le TCER est le taux de change effectif réel.
Un véritable ajustement structurel
Dans un entretien accordé à la revue du FMI, le Chef de Mission du FMI pour l’Algérie, Jean François Dauphin a exposé le contenu de cet ajustement structurel
En premier lieu, le responsable du FMI a estimé que la réponse des autorités à la crise en 2015 était insuffisante et elles devront mettre en œuvre de vastes réformes structurelles pour réduire la dépendance de l’Algérie sur le pétrole et diversifier l’économie en plus d’une grande réforme nécessaire du système de subvention. En clair l’Algérie doit faire en quelques années ce qu’elle n’a pas réussi ou n’a pas voulu faire depuis une quinzaine d’années.
Le responsable du FMI a indiqué que les principales réformes comprennent » l’amélioration du climat des affaires, en simplifiant les règlements et les procédures administratives et en facilitant la création d’entreprises, ainsi que l’ouverture de l’économie au commerce et aux investissements, l’amélioration de l’accès au financement, le développement des marchés de capitaux, et le renforcement de la gouvernance , la concurrence et la transparence. ». »
La révision du code du travail et la flexibilité du marché du travail sont aussi cités dans ce programme proposé par le FMI. De même que l’ouverture du capital des entreprises publiques à des investisseurs privés. La réduction des dépenses publiques est l’autre chapitre sur lequel le FMI insiste aussi pour équilibrer le budget.
Il faut rappeler que par ouverture de l’économie au commerce, le FMI vise surtout les mesures prises par le gouvernement pour faire reculer les importations. Le FMI s’était déjà opposé à la mesure du gouvernement qui consiste à faire diminuer les importations pour faire baisser la facture des importations en devises après la chute des prix du pétrole qui a fait pratiquement diviser par deux les recettes en devises. Pour l’instant les autorités disposent de quelques années de répit qui leur permettent de mieux envisager les événements. Mais le temps va de plus en plus vite….