Le premier forum d’affaires algéro-émirati se tiendra ce dimanche à Abu Dhabi, pour examiner les opportunités d’investissements et de partenariat entre les deux pays.
Cette rencontre, qui traduit les recommandations de la 13ème session de la Haute commission mixte tenue en novembre 2015 à Dubaï, sera coprésidée par le ministre de l’Industrie et des mines, Abdessalam Bouchouareb, et le ministre émirati de l’Economie, Sultan Bin Saeed Al Mansouri.
Bouchouareb sera accompagné d’une forte délégation de dirigeants d’entreprises publiques et privées, de cadres de son département ministériel ainsi que des représentants d’organismes économiques dont la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (Caci) et l’Agence nationale du développement de l’investissement (Andi).
Lors de la 13ème session de la Haute commission mixte de novembre dernier, les deux pays avaient affiché leur ferme volonté de renforcer leur coopération bilatérale, notamment en matière d’investissements et de partenariat économique, d’où leur décision de tenir cette première réunion du Forum d’affaires bilatéral.
Les deux parties avaient également convenu d’élaborer un plan d’action de coopération intersectorielle portant essentiellement sur le secteur du commerce.
Mais l’Algérie aspire, en particulier, à une relation économique basée sur l’investissement productif, en attirant plus d’investissements émiratis dans le cadre de la politique du gouvernement de diversification économique.
Les relations économiques entre l’Algérie et les EAU restent dominées par l’aspect commercial et des opérations économiques ponctuelles, c’est-à-dire la réalisation de projets sur une durée limitée comme pour l’immobilier ou les contrats de gestion, tandis que les investissements directs émiratis restent encore en deçà des potentialités de l’Algérie.
Actuellement, quelques compagnies émiraties exercent en Algérie à l’instar de Dubai Ports World (DP World) dans le domaine portuaire, de Mubadala dans le domaine pétrolier, d’Aabar investments (fonds d’investissement d’Abu Dhabi) dans l’investissement et du Holding Al Qudra dans l’immobilier à côté du conglomérat Emaar.
Signés en 2008 avec les deux entreprises portuaires d’Alger et de Djendjen (Jijel), les accords de DP World, sous forme de contrats de concession d’une durée de 30 ans, portent sur la gestion et la modernisation de ces deux infrastructures portuaires algériennes.
Cette expérience sera élargie à l’investissement: Les deux parties veulent créer une société mixte algéro-émiratie pour mettre en place, sur les enceintes portuaires, de nouveaux mécanismes pour soutenir logistiquement les exportations hors hydrocarbures.
Dans le même créneau, Alger et Abu Dhabi envisagent l’ouverture d’une ligne maritime pour le transport de marchandises avec un transit par le bassin méditerranéen et l’élargissement du transport aérien au transport de fret pour booster les échanges commerciaux entre les deux pays.
Dans le domaine hydraulique, les Emiratis activent en partenariat avec la partie algérienne dans un groupement d’entreprises des deux pays pour la réalisation de stations de déminéralisation d’eau dans le grand Sud algérien où un programme de réalisation de 15 stations d’un montant de 18 milliards DA est en cours de réalisation.
Le secteur mécanique en longueur d’avance
Dans l’agroalimentaire, les deux parties avaient signé en 2013 un protocole d’accord portant sur la création d’une société mixte dans la filière des viandes rouges, mais ce projet n’a pas encore vu le jour.
Dans le domaine de la santé, la première pierre pour la construction d’une usine algéro-émiratie de fabrication de sérum (85 millions d’unités/an) avait été posée en 2012 à Oued Semar (Alger) pour entrer en activité avant fin 2014, mais ce projet n’a également pas abouti.
En revanche, la coopération entre les deux pays dans le secteur de l’industrie est celle qui a pris un envol particulier depuis ces trois dernières années et, plus spécifiquement, dans le secteur de la mécanique.
En effet, les deux pays ont signé, en 2011, aux côtés des Allemands, des protocoles d’accord pour le développement de cette filière, qui se sont traduits par la création, en juillet 2012, de trois sociétés à capitaux mixtes.
Il s’agit de la Société algérienne de production de poids lourds de marque Mercedes-Benz/SPA à Rouiba, de celle de fabrication de véhicules de marque Mercedes-Benz/SPA à Tiaret et de celle de fabrication de moteurs de marque allemande (Mercedes-Benz, Deutz et MTU/ SPA) à Oued Hamimine (Constantine).
Dans ces projets, la partie algérienne, qui y détient 51% du capital, est composée du ministère de la Défense nationale, du groupe SNVI et d’autres entreprises publiques, tandis que les Emiratis sont représentés par le Fonds d’investissements Aabar, les Allemands étant associés en tant que
partenaires technologiques.
Entrée en production en 2014, l’usine de Rouiba produit actuellement deux types de camions militaires Mercedes-Benz: Actros 2041S et Zetros 2733A 6X6 pour le transport de troupes.
L’usine, dont la production est destinée à satisfaire les besoins du marché national notamment les institutions militaires mais aussi les entreprises publiques et privées, devra atteindre une capacité de production de 15.000 camions, cars et bus par an d’ici 2019.
Inaugurée en octobre 2014, l’usine d’Aïn Bouchekif (Tiaret) a, quant à elle, pour objectif de produire 6.000 véhicules de type Sprinter destinés à différents usages, et 2.000 autres véhicules 4X4 classe C tout terrains de la catégorie G destinés aux fins militaires et paramilitaires.
Quant à l’usine de Oued Hamimine (Constantine), entrée en production en 2015, elle devra atteindre, à terme, une capacité de production annuelle de 25.000 moteurs de toute la gamme des poids lourds.
Sur le plan commercial, le volume global des échanges entre les deux pays a atteint un peu plus de 337 millions de dollars (USD) en 2015 avec une balance commerciale en défaveur de l’Algérie: 331,4 millions USD d’importations algériennes contre 5,6 millions USD d’exportations seulement.
Les importations algériennes auprès de ce pays du Golfe se composent de demi-produits, biens d’équipements industriels, biens de consommation alimentaires et non-alimentaires et produits d’énergie et lubrifiants tandis que les exportations se composent de produits alimentaires et de demi-produits.