Officiant à la cérémonie du lancement officielle mardi soir à Alger de l’emprunt obligataire dont les souscriptions débuteront le 17 avril en cours, le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa a tenu à rassurer quant à l’utilisation de l’argent qui sera collecté grâce à ce dispositif vu que beaucoup craignent que les fonds mobilisés soient destinés à alimenter le budget de fonctionnement de l’Etat.
Il a apporté un éclaircissement dans ce sens en affirmant devant un parterre de ministres, associations patronales et syndicales et universitaires conviés pour assister à l’évènement que « Les fonds qui seront collectés dans le cadre de l’emprunt obligataire national d’Etat seront destinés exclusivement à l’investissement économique ». En soutenant que « l’opération visait la mobilisation des capitaux formels et informels sains ».
En ajoutant « que tout le monde soit tranquille, nous ferons tout pour orienter chaque dinar collecté dans le cadre de l’emprunt obligataire vers des investissements économiques, qu’ils soient structurants comme les ports, les chemins de fer, les zones industrielles, le logement promotionnel ou les réseaux d’irrigation, ou destinés à l’élargissement des entreprises économiques ».
Il a soutenu que l’Etat continuera à prendre en charge « les missions souveraines touchant à l’Education et à la Formation, la Santé publique, la Solidarité, la promotion de la jeunesse et des infrastructures ainsi que le développement local notamment dans le Sud et les Hauts plateaux ». Ces secteurs a-t-il réaffirmé « resteront des prérogatives de l’Etat qui seront financées sur son Budget ».
D’aucuns pensent que la bancarisation des fonds informels est un échec vu qu’elle n’a pas à réussi drainer les tenants du marché informel à adhérer à l’opération même en leur offrant le payement d’un forfait unitaire de 7%.
L’emprunt obligataire sonne comme une tentative de récupérer l’argent qui circule hors circuit bancaire, ou celui planqué par les ménages dont on évalue le montant à 2000 milliards de dinars, l’équivalent de 18 milliards de dollars, d’ailleurs même si le ministre ne le dit pas franchement, il le suggère à demi-mots.
Il a souligné que « cette opération, qui marque un retour progressif à un modèle de financement économique rénové, était basée sur l’idée de mobiliser l’épargne nationale, que ce soit celle existant chez les ménages, les entreprises structurées ou se trouvant au niveau des milieux d’affaires non structurés mais utilisant des capitaux sains ». Ile ministre a en outre indiqué que « la rémunération annuelle fixée pour l’emprunt (50 000 Da, l’obligation) à savoir 5% pour les titres à maturité de 3 ans et 5,75% pour ceux de cinq ans, ne représente de ce fait qu’un partage de revenus de ces investissements, entre l’Etat d’une part, et les souscripteurs de l’autre ».
En concluant que « ce modèle de financement n’écarte toutefois pas un recours sélectif à certains financements extérieurs préférentiels qui seraient mobilisés avec des coûts très avantageux et conformément à la législation régissant ce domaine ».
Ce qui en signifie, d’autres termes que le recours à l’endettement extérieur auprès d’organismes comme le FMI n’est pas exclu. Il faut noter que le montant plafonné pour l’emprunt national obligataire n’a pas été divulgué. Ce qui dénote que le ministre échaudé par l’opération de la bancarisation des fonds informel, cache mal des appréhensions quant à la réussite de cette nouvelle opération en maintenant ainsi ce montant dans les limbes.
Fatma Haouari