La Stratégie initiée par le Royaume d’Arabie Saoudite qui consiste à inonder le marché du brut afin de peser sur les cours à la baisse et asphyxier les nouveaux producteurs de pétrole de schiste américains est depuis longtemps sujet à débat. En effet cette stratégie, qui se fonde sur l’hypothèse selon laquelle les producteurs de pétrole de schiste américains ont besoin d’un prix du baril supérieur à 50 voire 60 USD pour rentabiliser leurs exploitations, vise à tuer dans l’œuf l’émergence de ce nouveau grand pôle de production.
Dans une certaine mesure, la stratégie porte ces fruits. Les valeurs pétrolières américaines subissent mécaniquement la chute des cours du WTI (index américain) et les craintes de faillites dans le secteur ont pesé sur Wall Street cette semaine. Le cabinet Facset annonçait un retrait de capitaux du secteur hydrocarbure de 30 milliards de dollars au seul 1er trimestre 2015. Par ailleurs les banques américaines sont de plus en plus réticentes à prêter aux producteurs de « Shale Oil ». Enfin, l’agence américaine de l’Energie qui prévoyait une augmentation de la production américaine de 60 000 baril/jour en 2016, table désormais sur une baisse de 9%.
Une stratégie durable ?
Si la stratégie commence à donner des résultats, beaucoup d’experts la remette en question. Non seulement ces cours bas prolongés risquent de mettre en difficulté des pays producteurs, en tête les pays « peuplés » et à forte subvention comme l’Algérie (ou le Venezuela) mais même l’Arabie Saoudite elle même qui risque de connaître son 1er déficit budgétaire depuis 2009.
Dans le cas de l’Algérie, cette nouvelle configuration pourrait néanmoins permettre de revoir la politique intenable des subventions (le Ministère des Finances travaillant sur des schémas plus réalistes).
Par ailleurs, l’autre point est la capacité du secteurs des producteurs de pétrole de schiste à se reconstituer en cas de reprise des cours. En effet, l’Arabie Saoudite aurait sous-estimé la capacité de l’Economie américaine à remettre en selle les producteurs de Shale Oil dès l’éventuelle reprise des cours. Si ce scénario est avéré , alors le « serrage de ceinture » de l’Arabie Saoudite, et par la même occasion de l’Algérie, aura été vain.
M.E.