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Alexey Shatilov, représentant commercial de la Fédération de Russie : « Nous œuvrons à renforcer notre présence en Algérie »

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Alexey Shatilov a bouclé ces derniers jours sa dixième année de présence en Algérie en sa qualité de représentant commercial de la Fédération de Russie. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il nous parle des relations entre l’Algérie et son pays ; leur état actuel, les perspectives de leur développement. Mais également des mesures à prendre qui pourraient rendre encore plus attractif, pour les investisseurs étrangers (y compris ses compatriotes), le marché algérien.

Algerie-Eco : êtes-vous satisfait du volume des relations économiques et commerciales, hors armement, entre votre pays et l’Algérie ?

Alexey Shatilov : Je suis satisfait de l’évolution que ces relations ont connu ces dernières années. On a réussi à augmenter le volume des échanges pas uniquement dans le domaine militaire mais dans d’autres secteurs. Tels les secteurs des hydrocarbures, ferroviaire et de l’énergie électrique. Dans ce dernier secteur, une entreprise russe procède actuellement à des travaux de maintenance et de rénovation de deux centrales édifiées du temps de l’URSS, à Jijel et Annaba. Nous œuvrons à renforcer notre présence en Algérie. Dans cette perspective, une entreprise russe, l’entreprise Axion, issue du groupe militaire produisant la fameuse Kalachnikov, va, sous peu, entamer la vente d’équipements médicaux en Algérie; essentiellement des défibrillateurs cardiaques, des appareils stimulant le cœur, par envoi de charges électriques, dans le cas de complications subites. Avec la perspective, dans un avenir proche, de lancer ici, en Algérie, en partenariat avec l’entreprise algérienne Surgisys, la production de ces équipements.  C’est vers un objectif similaire que tendent les négociations en cours, depuis deux mois maintenant, entre KamAZ, une entreprise de production de véhicules, dont le camion éponyme (KamAZ) qui a remporté, à plusieurs reprises dans sa catégorie, le fameux Paris-Dakar, et des entreprise algériennes relevant du secteur privé pour la production, en Algérie, de certains de ses modèles. Dix rencontres ont déjà eu lieu à cet effet et il n’est pas à écarter qu’elles soient suivies par d’autres pour faire aboutir le projet qui pourrait être implanté à Sétif. Ce ne sont pas les seules entreprises à vouloir s’implanter en Algérie, d’autres souhaitent le faire également.

Plus concrètement, le volume des échanges entre l’Algérie et de la Russie est de combien ?

Il faut savoir qu’actuellement les 2/3 des échanges entre les deux pays sont constitués par l’armement. Et le tiers restant par des échanges dans les domaines relevant, disons, du civil. Parmi lesquels les hydrocarbures. Globalement, les échanges se situent entre deux et trois milliards de dollars. Dont 600 à 800 millions (de dollars) pour les domaines « civils »…

Ce dernier chiffre englobe-t-il également les investissements dans le secteur des hydrocarbures ?

Non. Là, il s’agit d’investissements directs. Ils sont de 200 à 300 millions de dollars. Trois entreprises russes du secteur des hydrocarbures sont aujourd’hui présentes en Algérie. Il s’agit de Gazprom, de Rosneft et de Stroy Trans Gaz ; cette dernière participant à la prospection dans le domaine gazier mais également à la fabrication de gazoducs.

On dit que des entreprises russes sont intéressées par le secteur des énergies renouvelables ?

Effectivement. C’est le cas de Technopromexport, l’entreprise qui procède actuellement à la rénovation des centrales précitées de Jijel et d’Annaba. Elle se propose d’utiliser la technologie des miroirs pour capter l’énergie solaire qui, transformée en chaleur puis en vapeur, actionnera des turbines pour la production d’électricité.

En début d’année, une délégation d’opérateurs économiques algériens s’est rendue en Russie dans l’objectif de conclure des accords avec leurs homologues russes ; surtout dans le domaine agro-alimentaire. Y a-t-il eu du concret ? 

Je n’ai pas eu connaissance d’accords conclus. Les seuls résultats concrets enregistrés sont l’établissement de contacts directs entre les opérateurs des deux pays.

Dans quelques mois, la ferme intégrée de 20 000 ha qui sera réalisée en partenariat avec les Américains sera opérationnelle. La Russie n’a-t-elle pas des projets du genre qui lui permettront de s’assurer un approvisionnement sûr en produits agricoles ?

Des projets du genre, je ne le pense pas. Mais ce qui est plus probable, et qui confirme que la Russie est toujours intéressée par une coopération dans le domaine de l’agroalimentaire, c’est que des entreprises russes sont intéressées par la mise en place en Algérie même d’une chaîne de froid qui permettra une exportation des produits agricoles algériens dans le respect des normes édictées par la Russie. Il est attendu, pour très bientôt, qu’une délégation  d’un combinat du froid de la ville de Saint-Pétersbourg fasse le déplacement en Algérie dans cet objectif. Mais également pour entamer des discussions avec des opérateurs économiques algériens pour la fabrication de chambres froides.

Dans un cadre plus large, l’Algérie, malgré ses potentialités avérées, a des difficultés à attirer les investisseurs étrangers. Où se situe le problème, à votre avis ?

Dans le domaine des technologies de pointe et dans le secteur des PME/PMI, l’Algérie gagnerait à alléger sa législation ainsi qu’à réformer son secteur bancaire. Tout le monde, y compris en Algérie et ce, comme l’attestent les échos rapportés régulièrement par la presse algérienne, s’accordent à dire que la règle des 51/49% devrait être limitée aux secteurs stratégiques de l’économie algérienne ; tels les secteurs des hydrocarbures et des mines. Il faut penser également à accorder des « petits privilèges », sous forme, par exemple, de réduction d’impôts, aux investisseurs qui participent au lancement de nouvelles activités en Algérie. L’Algérie gagnerait également à organiser, sur son sol, de grandes rencontres visant à mettre en exergue ses potentialités économiques et à promouvoir sa législation dans le domaine économique ; notamment dans son volet investissements étrangers. A titre d’exemple, la Russie organise chaque année, à Saint-Pétersbourg, un grand forum économique, ouvert à toutes les grandes entreprises mondiales, dont l’objectif déclaré est, en faisant mieux connaître l’économie russe, d’y attirer le plus grand nombre possible d’investisseurs étrangers. Et, partant, de la développer encore plus.

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