Le président de l’Association de Protection et Orientation du Consommateur et son Environnement de la Wilaya d’Alger (APOCE), Mr Zebdi revient dans cet entretien sur l’affaire de la putréfaction de la viande du mouton de l’aïd en commentant les résultats de l’enquête lancée par le ministère de l’agriculture, affichant sa déception par rapport à ces résultats. Il estime qu’il y a un grand travail aussi à faire dans ce sens, il faut interdire, selon lui, tous les médicaments qui ne sont pas prescrits par des vétérinaires.
Algérie-Eco : Le ministère du Commerce a rendu public dernièrement son bilan concernant le programme national de sensibilisation en matière de concurrence et pratique commerciale. Ce bilan fait ressortir que 9 wilayas du pays ont appliqué ce programme durant le premier trimestre de l’année en cours en organisant des séminaires, journées d’études et tables rondes. Plusieurs associations de protection des consommateurs ont participé à ces événements. Qu’en est-il pour l’APOCE ?
Mr Mustapha Zebdi : L’APOCE a pris part à quelques événements dans ce programme. Mais je dirai seulement qu’on est plus obligés de faire un travail de terrain. Ces journées d’étude et séminaires sont orientés vers une population très limitée. Des représentants d’associations, des opérateurs économiques mais le plus important est de cibler toute les catégories de la population. Certes des événements pareils sont importants, mais il faudra mettre en place un système plus adéquat pour sensibiliser le maximum des citoyens. Car ils en ont besoin. Je dirai aussi qu’il y a un grand manque dans le relationnel. Il faudrait utiliser d’autres moyens pour arriver à un but précis, celui de la sensibilisation de tous les citoyens en matière de pratiques commerciales.
Que voulez-vous dire par d’autres moyens?
Utiliser par exemple des spots publicitaires dans tous les médias et durant toute l’année, pas seulement durant des périodes précises. Il faudrait également utiliser les technologies de l’information et de la communication. Je vous donne un simple exemple, notre site internet a pu drainer plus de 250.000 adhérents et on est en train de rénover le site afin de donner une bonne impression sur nos activités. Donc les TIC sont très importants dans la communication.
Il faut également utiliser les réseaux sociaux. Donc il y a beaucoup de moyens à utiliser pour atteindre cet objectif.
Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdeslam Chelghoum a révélé, dernièrement, à Constantine, les résultats de l’enquête sur la putréfaction de la viande du mouton de l’aïd. Selon ses dires, c’est un surdosage de compléments alimentaires administrés aux bêtes qui a provoqué l’avarie. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?
Je dirai avant tout qu’on est déçu par rapport à cette conclusion. Donc actuellement le consommateur doit se méfier de tous les aliments d’origine animale. Ça se pourrait qu’il y ait fraude dans la production de ces aliments qui peuvent engendrer des intoxications très sérieuses. La sécurité des denrées alimentaires est donc remise en cause. Je rappelle à cette occasion que l’APOCE a lancé une enquête à ce sujet mais qui n’a pu aboutir pour connaître les causes de la putréfaction de la viande de moutons de l’Aïd-el-Adha.la raison, c’est que les organismes sensés aider l’association pour mener son enquête se sont rétractés.
L’APOCE avait affirmé, même avant le lancement de cette enquête, que des dizaines de cas de putréfaction ont été enregistrés à Alger et que la putréfaction a touché plusieurs régions à l’échelle nationale. L’association a été contactée par des centaines de familles à Alger, Constantine et dans la région de l’Oranie. Notre association a pointé du doigt plutôt «une hormonothérapie prouvée par des points d’injections».
Vous me donnez aussi l’occasion de parler de la journée d’information qu’a organisée l’APOCE le 19 octobre sur la sécurité alimentaire. Nous sommes sortis avec des recommandations que nous allons soumettre au ministère du commerce et celui de l’agriculture. Justement revenant à votre question, parmi ces recommandations figure la création d’un conseil national de la sécurité alimentaire.
Enfin, nous prenons en considération la dernière décision du ministère de l’agriculture qui est d’interdire toute vente de cheptel sans reçu. Il y a un grand travail aussi à faire dans ce sens, il faut interdire tous les médicaments qui ne sont pas prescrits par des vétérinaires.