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Financièrement déstructurée, la CNR peine à payer les retraites

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Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant principal de la Caisse nationale de Retraite ( CNR ) monte au créneau pour attirer l’attention des plus hautes autorités du pays sur les graves difficultés qui affectent cette institution et menacent sa pérennité.

Son déficit est en effet colossal et ses sources de financement sont aussi insuffisantes qu’incertaines. Son incapacité à honorer d’ici la fin de l’année en cours le paiement des pensions dues à 3 millions de retraités est à prendre au sérieux tant les contraintes inhérentes à l’économie nationale en général et à la Caisse proprement dite, tant les difficultés financières se sont exacerbées et les possibilités de recours au trésor public se sont amoindries. S’exprimant tout récemment sur une radio nationale son directeur général, Slimane Melouka, a effectivement mis le doigt sur les problèmes structurels qui minaient déjà cette institution mais que l’Etat parvenait toujours à sortir de l’impasse aux moyens de financements directs du trésor et de levées exceptionnelles de taxes.

A l’origine des contraintes structurelles il cite notamment le déséquilibre provoqué par l’augmentation du nombre de retraités et ayants droit et le déclin du nombre de personnes actives qui cotisent à la Caisse. Deux salariés seulement cotiseraient pour cinq retraités, selon Slimane Melouka.

C’est dire l’acuité du problème que la CNR ne pourra jamais résoudre au moyen de ses seules ressources disponibles. Sans apports financiers supplémentaires octroyés de façon substantielle et durable par des sources extérieures à la CNR, cette dernière ne pourra jamais payer la totalité des retraités et ayants droit. Il faut en effet savoir que l’institution est financée à hauteur de 80% par les fonds de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNAS) mais que cet argent couvre à peine la moitié de ses besoins.

Un complément couvrant environ 20% des besoins de l’institution, ainsi qu’une part de la fiscalité contribution de solidarité d’environ 50 milliards de DA lui sont certes annuellement versés par l’Etat, mais sans jamais atteindre le montant indispensable à cette Caisse qui malgré tout réussit à survivre à cette gestion sous contrainte sans jamais puiser dans les 600 milliards de DA disponibles dans un fond de réserve sensé pourtant être utilisé dans ce genre de crise. Plutôt que d’utiliser ce fond de réserve des retraites, d’aucuns suggèrent que l’Etat collecte pour le compte de la CNR des taxes sur un certain nombre de produits, à l’instar, du tabac, des communications téléphoniques et des médicaments. Un vœu qu’il sera difficile d’exaucer tant ces produits sont déjà soumis à de lourdes taxes.

Le système de retraite algérien vit comme on le constate une profonde crise systémique qui a pris racine dans la  pléthore de pensions accordées dans les années 70 et 80 et les retraites anticipées octroyées massivement de 1995 à ce jour. Un nombre trop élevé de pensions que ne compensent malheureusement pas les salariés cotisants en nette baisse. Plus de 12% de la population active est en effet au chômage et ceux qui travaillent au noir ne cotisent évidemment pas. De quoi déstabiliser cette institution stratégique qui n’était sensé vivre que des cotisations des travailleurs déclarés. La Caisse nationale de Retraite doit en effet verser chaque année entre 80 et 86 milliards de dinars de retraites et autres pensions de reversements.

Les chiffres iront certainement en augmentation tant que l’Etat n’aura pas trouvé le moyen limiter les retraites anticipées évaluées en 2017 déjà à plus de 80.000. Le besoin financier de la Caisse Nationale de Retraite pourrait allègrement dépasser les 100 milliards de DA cette année selon des estimations crédibles souvent relayées par la presse. Il n’y aurait pas de sérieuse inquiétude à se faire si le budget de l’Etat n’avait pas atteint un niveau de déficit aussi élevé, si l’économie n’était pas rentrée en récession, s’il y avait de larges possibilités de prélèvements de taxes et si les avoirs en devises étaient suffisants.

L’Etat régulateur aurait, comme à son habitude, volé au secours de la Caisse qui aurait continué à fonctionner normalement. Cela n’est malheureusement pas possible en cette période de crise multidimensionnelle (politique, sanitaire et économique) qui a considérablement affaibli l’Etat souverain dans sa capacité de régler ce genre de crise. A moins d’une remontée spectaculaires des cours du pétrole et d’un recours à la très controversée planche à billets, la caisse nationale de retraites ainsi que les retraités qui en dépendent financièrement, devront se préparer objectivement à en subir dès cette année les conséquences.

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