L’agriculture, à la fois source et victime du réchauffement climatique, doit réaliser une transformation profonde pour relever le défi de nourrir tout le monde, estime l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport présenté lundi à Rome.
Le secteur agricole subit déjà sécheresses et inondations liées au réchauffement mais produit 21% des gaz à effet de serre, rappelle le rapport en plaidant pour « une transformation profonde des systèmes alimentaires et agricoles partout dans le monde ».
Le rapport appelle à la généralisation de l’usage de variétés de cultures utilisant efficacement l’azote mais aussi une meilleure gestion de la fertilité des sols.
Il insiste aussi sur la nécessaire diversification pour mieux utiliser les ressources et faire face aux coups durs, avec une intégration entre culture, élevage et plantation d’arbres ou l’ajout d’une activité complémentaire.
Mais les petits exploitants, qui représentent 475 millions de foyers dans les pays en développement, n’ont que peu accès aux marchés, au crédit, aux informations pratiques et météorologiques, regrette la FAO.
Selon une estimation citée par le rapport, le besoin total de financement des petits agriculteurs en Amérique latine, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et du Sud-Est s’élève à environ 210 milliards de dollars par an. Mais ce coût est nettement moins élevé que l’inaction, martèle la FAO.
Selon une étude menée en Ouganda, le coût de l’inaction face aux changements climatiques dans le secteur agricole serait de 22 à 38 milliards de dollars entre 2010 et 2050, tandis que le budget de l’action (amélioration de l’irrigation, des variétés de cultures, des races animales, facilités de crédit…) est évalué à 644 millions de dollars par an jusqu’à 2025.
D’autant que les pays développés et les grands pays en développement ont versé en 2015 plus de 560 milliards de dollars pour soutenir la production agricole, rappelle la FAO en estimant qu’il serait utile de conditionner ce soutien à l’adoption de pratiques durables.
Quant aux gaz à effet de serre, la majeure partie des émissions directes de méthane et d’oxyde nitreux est liée aux gaz des animaux d’élevage, à la riziculture inondée et à l’utilisation d’engrais et d’effluents azotés, et pourraient toutes être réduites avec de meilleures pratiques de gestion.
Ainsi, alterner inondation et assèchement des rizières réduit les émissions de méthane de 45%, tout en économisant de l’eau et sans modifier les rendements.
Evidemment, ces mesures se heurtent parfois à des intérêts contradictoires: ainsi, la lutte contre la déforestation, qui « devrait être une priorité, nécessitera d’accepter des compromis », reconnaît la FAO.
Et au-delà des secteurs agricoles, l’organisation onusienne appelle aussi à « d’importants ajustements dans l’ensemble des systèmes alimentaires »: lutte contre le gaspillage qui concerne environ « un tiers des denrées produites dans le monde », réduction de l’intensité des émissions le long de la chaîne alimentaire, rééquilibrage des régimes vers moins de viande…
Source : AFP