Belkacem Mézine, vice- président de l’Association Générale des Entrepreneurs Algériens (AGEA) revient dans cet entretien sur le retrait de l’agrément au promoteur Sahraoui, gérant de la Sarl Sopiref et l’un des plus grands architectes algériens, après l’effondrement de l’immeuble en construction d’El Achour, survenu vendredi au niveau de la cité « Urba 2000 », un projet qui appartient à Mr Sahraoui.
Algérie-Eco : L’affaire de l’effondrement de la bâtisse d’El Achour continue de susciter la réaction des spécialistes et professionnels du secteur. Peut-on connaitre la position de l’AGEA à ce sujet?
Belkacem Mézine : La responsabilité incombe à tous les concernés de ce projet, ce n’est pas seulement Mr Sahraoui qu’il faut juger. Il y a toute une chaine de personnes et de responsables qui font marcher un projet de construction, du début du lancement du chantier jusqu’à la fin. Où étaient les contrôleurs, les services technique administratifs lorsque le promoteur a commencé à construire ? Quelle est le rôle du CTC dans ce cas-là ? Toutes ces questions nous mènent à dire que Mr Sahraoui n’est pas le seul fautif. C’est vrai que la faille, elle est là, mais nous au niveau de l’AGEA nous estimons que la responsabilité est partagée. Nous dénonçons également la sanction qui a été prononcée contre Mr M’Hamed Sahraoui.
Est-ce logique de sanctionner uniquement le promoteur Sahraoui alors que d’autres acteurs sont impliqués?
Justement nous nous demandons pourquoi sanctionner seulement cette personne. Ils ont oublié tout ce qu’il a fait pour le pays ? Je le dis et je le répète, pour l’AGEA, cette sanction est lourde et nous ne partageons pas la décision du ministère de l’habitat. Je ne pense pas qu’il a agi seul. Les responsables du ministère ont pris la décision à la hâte. Il fallait laisser au moins deux ou trois semaines, et bien étudier l’affaire pour prendre une quelconque sanction contre telle ou telle personne.
Quelle conséquence peut avoir cette sanction sur la carrière de Mr Sahraoui ?
Le retrait de l’agrément a de lourdes conséquences sur la carrière de Mr Sahraoui et surtout sur les ouvriers qu’il gère. Ces derniers vont se retrouver au chômage et ce sont de dizaines de familles qui seront privées de revenus. Mr Sahraoui a aussi des engagements envers ces ouvriers, ces financiers, ces banques etc. comment va-t-il s’en sortir avec tous cela.
En tant qu’association des entrepreneurs, comment vous prévoyez la réaction des autres entrepreneurs suite à cette affaire?
La majorité va être découragée, je pense. Beaucoup vont se méfier maintenant de prendre des grands projets de construction et des engagements envers le privé ou le public. Il faut savoir que tout un travail a un risque, le risque zéro n’existe pas. C’est vrai que dans l’affaire de l’effondrement de la bâtisse d’El Achour, il y a eu des failles. Mais ce n’est pas une raison pour priver une personne qui a une carrière de plus de 20 ans dans le domaine du bâtiment de ses droits.
Pouvez-vous nous citer les étapes que doit suivre l’entrepreneur avant de démarrer son projet de construction ?
En premier lieu, l’entrepreneur doit retirer le cahier des charges. Ce dernier comporte tous les règlements nécessaires, droits et obligations. Il y a toutes les données qui concernent l’installation de la bâtisse, par exemple la superficie. L’entreprise doit respecter le cahier des charges avec le bureau d’étude qui doit être derrière. Lorsqu’il y a un contrôle permanent et rigoureux, le chantier ne peut démarrer, s’il y a des lacunes. Mais si le contrôle n’est pas sérieux, le promoteur engage les travaux. Je pense que c’est ce qui s’est passée dans cette affaire. Pourquoi alors laisser démarrer et avancer le chantier puisque le terrain n’était pas apte. Où sont passés le CTC et les services techniques de l’APC ?
Nous au niveau de l’AGEA, nous espérons que le ministère de l’habitat revienne sur sa décision.
Entretien réalisé par Imène A.