La croissance de la zone euro devrait rester modérée en 2016, puis ralentir en 2017, malgré une très légère inflation, celle-ci restant encore bien éloignée des objectifs de la Banque centrale européenne, selon les prévisions du Fonds monétaire international mardi.
Dans son rapport sur l’économie mondiale, le FMI réévalue légèrement à la hausse sa prévision de croissance pour 2016, qui devrait s’élever à 1,7%, contre une estimation de 1,6% en juillet.
La croissance devrait ensuite ralentir pour tomber à 1,5% en 2017, contre 1,4% en juillet. « Un pétrole bon marché, une expansion budgétaire modérée en 2016 et une politique monétaire accommodante soutiendront la croissance », estime le FMI.
Mais « une baisse de la confiance des investisseurs en raison de l’incertitude liée au vote en faveur du Brexit vont peser sur l’activité », ajoute-t-il.
L’inflation a repris en 2016, observe par ailleurs le FMI, qui l’évalue à +0,3% en 2016, contre un taux quasi-nul en 2015. Cette hausse devrait se poursuivre de manière progressive, mais le taux d’inflation restera « inférieur à l’objectif (de 2%) fixé par la Banque centrale européenne jusqu’en 2021 », écrit le FMI, qui invite la BCE à poursuivre sa politique.
A moyen terme, la croissance de la zone euro pourrait être handicapée par « une démographie défavorable », la dette, le taux de chômage et dans certains cas le secteur bancaire détérioré hérités de la crise, ainsi que par « des contraintes structurelles profondément enracinées », énumère l’institution internationale.
La plupart des 19 pays de la zone euro devraient enregistrer un ralentissement de leur croissance en 2017, selon le FMI, qui table par exemple pour l’Allemagne sur un taux de croissance de 1,7% en 2016 et 1,4% en 2017.
La France devrait conserver en 2016 et en 2017 le taux de croissance de 1,3% qui était le sien en 2015. L’Espagne gardera une croissance élevée en 2017, à 2,2%, mais moins importante qu’en 2016 (3,1%). Enfin, la Grèce devrait renouer avec la croissance en 2016 (+0,1%) et surtout 2017 (+2,8%).
Le vote pour le Brexit, source d’incertitudes, va peser sur la croissance britannique : Les incertitudes liées au Brexit vont peser sur la croissance britannique, surtout l’an prochain, mais le pays sera néanmoins le plus dynamique du G7 cette année, a estimé le FMI dans ses prévisions économiques publiées mardi.
Bien que les marchés semblent pour l’instant avoir bien encaissé le choc du vote britannique pour sortir de l’Union européenne, « l’impact final reste inconnu, alors que l’avenir des accords institutionnels et commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est incertain », résume le Fonds monétaire international.
En conséquence, le FMI prévoit une croissance du Produit intérieur brut de 1,8% en 2016 puis un net ralentissement à 1,1% en 2017.
Le Royaume-Uni pourrait ainsi se targuer d’avoir la croissance la plus dynamique des pays du G7 en 2016, juste devant l’Allemagne (+1,7%) et les Etats-Unis (+1,6%). En revanche, en 2017, il sera dépassé par la plupart des grands pays développés.
Par rapport à ses dernières prévisions de juillet, le Fonds se montre légèrement plus optimiste pour l’année en cours (+1,7%) mais moins confiant pour celle qui vient (+1,3% précédemment).
« L’incertitude qui découle du vote pour le Brexit pèse sur les investissements des entreprises et les décisions d’embauches, ainsi que sur les achats de bien durables par les consommateurs et l’immobilier », note le FMI.
Il souligne que, pour faire face aux risques pesant sur l’économie, la Banque d’Angleterre a réagi début août en dévoilant de nouvelles mesures de soutien, avec une baisse des taux d’intérêt et un nouveau programme de rachats d’actifs.
Concernant la politique budgétaire, le FMI juge qu’il est préférable de laisser les finances publiques s’ajuster, quitte à accroître temporairement le déficit.
Mais il estime qu’une fois que les conséquences macroéconomiques du vote pour le Brexit seront mieux identifiées, il faudra évaluer s’il est encore nécessaire d’assouplir la politique budgétaire et se donner de nouveaux objectifs de déficit à moyen terme.
Le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, qui a abandonné l’objectif de comptes équilibrés à l’horizon 2019-2020 de son prédécesseur George Osborne, devrait probablement en dire plus lors de la présentation de ses nouvelles orientations budgétaires fin novembre.
Enfin, le Fonds explique que ses prévisions se fondent sur l’hypothèse de négociations fluides et d’une hausse limitée des barrières économiques.
Or les déclarations de la Première ministre britannique Theresa May dimanche, qui a annoncé que la procédure de sortie serait déclenchée d’ici fin mars et a insisté sur le contrôle de l’immigration, ont inquiété les milieux d’affaires et les investisseurs en laissant présager un « Brexit dur », c’est-à-dire sans compromis.
Plus largement, le FMI estime que le vote pour le Brexit introduit des « incertitudes politiques et économiques qui menacent de plomber l’investissement et l’emploi en Europe », mettant en avant le fait qu’il « reflète un ressentiment envers les migrations transfrontalières qui nourrit un sentiment nationaliste en Europe et pose la question de l’intégration de l’intégration de l’UE ».
Source : AFP