Les cours du pétrole ont progressé de plus de 1 dollar le baril lundi en Asie à la suite de l’accord de réduction historique de la production conclu ce week-end entre l’Arabie saoudite, la Russie et d’autres producteurs majeurs.
Mais le rebond s’est heurté à un plafond d’inquiétudes, les marchés redoutant que cet arrangement difficilement trouvé ne suffise pas à réduire la surproduction tandis que la pandémie du coronavirus continue de laminer la demande.
Après quatre jours de tractations dans le cadre du format dit « Opep+ », les pays de l’Opep, la Russie et d’autres pays producteurs de premier plan se sont entendus pour réduire leur production de 9,7 millions de barils par jour à compter du 1er mai et pour deux mois, soit près de 10% de la demande mondiale.
Les contrats à terme sur le Brent LCOc1 gagnaient vers 05h20 GMT quelque 1,29 dollar le baril, soit 4,1%, à 32,77 dollars. Sur le brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) CLc1, les contrats à terme progressaient de 1,01 dollar le baril, soit 4,4%, à $23,77.
« Ce que cet accord permet, c’est d’éviter que le secteur pétrolier mondial et que les économies nationales et autres secteurs industriels qui en dépendent ne plongent dans une crise très profonde », commente Daniel Yergen, vice-président chez IHS Markit.
« Ça limite aussi la constitution de stocks, ce qui allégera la pression sur les cours lorsqu’on sera de retour à la normale », ajoute-t-il.
L’Arabie saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis ont même offert d’aller plus loin que ce que prévoit l’accord et de réduire davantage encore leur production. L’offre de pétrole globale au sein de l’Opep+ pourrait de fait baisser de 12,5 millions de bpj, a indiqué le ministre saoudien de l’Energie.
« Cet accord va permettre de sauver des centaines de milliers d’emplois dans le secteur de l’énergie aux Etats-Unis », a réagi le président américain Donald Trump sur Twitter.
Mais les inquiétudes persistantes liées à la demande de pétrole ont freiné le rebond des cours.
Du fait de la pandémie de coronavirus, la consommation de combustibles a chuté de près de 30% dans le monde.
« Après une réaction initiale positive sur les cours pétroliers, nous nous attendons à ce que la décision de l’Opep+ se traduise au mieux par un cours plancher », estime Harry Tchilinguirian de BNP Paribas dans une note.
L’accord conclu dimanche a pourtant pour effet d’enclencher une réduction de l’offre de pétrole quatre fois supérieure au précédent record en la matière, qui remonte à 2008, pendant la crise financière.
L’Opep+ a également indiqué qu’elle souhaitait que d’autres pays producteurs n’appartenant pas à ce groupe informel, à commencer par les Etats-Unis, le Canada, le Brésil et la Norvège, mettent eux aussi en oeuvre une baisse de leur production à hauteur, globalement, de 5 millions de bpj supplémentaires.
Le Canada et la Norvège ont laissé entendre qu’ils pourraient suivre cet appel.
Aux Etats-Unis, la législation anti-cartel ne facilite pas la mise en oeuvre d’arrangements de ce type. Mais la production américaine de pétrole devrait baisser de toute façon du fait de la chute des cours, peut-être jusqu’à 2 millions de bpj en mois.
Reuters