Environ 95% des matières premières entrant dans la composition des boissons sont importés. Les immenses potentialités en matière de produits de niche et de terroir, la diversité des fruits et légumes, l’importance des acteurs impliqués dans le circuit industriel, sont autant de facteurs qui devaient plaider pour inverser le constat relevé et consacrer l’exportation tant recherchée. C’est pour cerner les contours de cette problématique que la Fondation Filaha Innove a organisé conjointement avec ALGEX, ce dimanche, à la salle de conférences de celle-ci, à Dar El Beida, une conférence de presse, rentrant dans le cadre des préparatifs du Forum interprofessionnel de la filière fruits et légumes (SIAFIL) qui se tiendra au Salon international du machinisme agricole et de l’élevage et de l’agroéquipement en Afrique (SIMA-SIPSA), du 4 au 7 octobre, au Palais des Expositions à la SAFEX.
Le recours à l’exportation est justifié « par l’obligation d’aller cers une autosuffisance alimentaire du pays, assurée par quatre produits, intervenant dans la large consommation du frais, et qui ont déjà eu à inonder les marchés extérieurs, principalement celui de la zone de l’Union européenne. Il s’agit de la datte Deglet Nour, l’olive de table, la figue sèche et l’abricot. Un cinquième produit, la figue de barbarie, devait rejoindre incessamment cette liste restreinte de produits. Il y aussi, comme indiqué par Hadj Henni, dans sa communication, « Valorisation des produits agricoles dans les filières stratégiques pour l’Economie algérienne », la forte concurrence des voisins maghrébins à laquelle l’Algérie doit faire face. Tunisiens et Marocains ont une longueur d’avance dans « l’élevage du bétail, la production maraichère et même la transformation et la conservation industrielle des produits agricoles », tient à préciser l’expert. Henni regrettera que, « durant les années 70, l’Algérie était leader, on exportait à cette époque, et ce, pour l’exemple, 700 000 tonnes de huile d’olive et 1.45 millions d’olive ».
Absence de stratégie sectorielle
« Les couacs de l’exportation sont dû à une absence de stratégie sectorielle. On n’a pas un problème procédurier qui reste, tout de même, à affiner, ni de production, mais plutôt de stratégie d’ensemble, qui doit être entamée par, entre autres, la détermination des besoins du marché international et l’identification de la valeur ajoutée que doit apporter tel produit. Organiser la chaine d’exportation, le fret, le transport, la logistique, la commercialisation, en est l’un des priorités ». Tel est l’avis de Nasri Bey, président de l’ANEXAL, dans son intervention « Etats des lieux et conditions pour le développement des exportations des produits agricoles ».
Problème de la date de production, déficit en qualité des produits, non-identification du réseau d’exportation, autant de paramètres qui font que l’Algérie ne soit pas inscrite sur la liste des pays exportateurs, à l’instar de la Tunisie et du Maroc.
Parmi les importantes recommandations que cet expert a émises, on peut en citer deux. La première, restructurer le ministère de l’Agriculture et lui rattacher celui des ressources hydriques du fait que 70% de l’eau est destinée au monde agricole. La deuxième à trait au fait de consacrer tout un département à l’exportation relevant de l’agriculture. La troisième insiste, quant à elle, l’impératif de réserver au moins 1 million de Ha sur les 3.5 constituant la superficie des terres en jachère, et se baser pour leur bonne exploitation sur des investisseurs étrangers, l’Egypte et la Turquie pouvant être des modèles en la matière.