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Algérie-France : « pour coproduire, il faut de la confiance »

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Le Président du Forum des Chefs d’Entreprise, Ali Haddad, n’a pas mâché ses mots vendredi lors d’un atelier sur la coproduction organisé dans le cadre des Rencontres Africa2016 à Paris : « je ne vois pas assez d’engagement de la part des entreprises françaises ».

Un des nombreux ateliers organisés au cours du Forum Africa2016, consacré spécifiquement au thème « coproduire en Afrique », a donné lieu à un débat passionné sur les relations entre la France et l’Algérie. L’animateur de la table ronde M. Jean-Louis Guigou, président de l’IPEMED, avait lancé la discussion sur la question des intérêts communs entre l’Europe et ‘Afrique et la nécessité de passer d’une logique commerciale à une logique de coproduction.

Au cours de son intervention, M. Haddad a reconnu que la coproduction est effectivement la meilleure formule et que l’Algérie la développe avec ses partenaires stratégiques, dont la France. « Mais, a-t-il ajouté, pour être partenaire, pour produire ensemble, il faut de la confiance. Malheureusement, cette confiance n’existe pas. Vous n’avez pas su soutenir l’Algérie pendant les moments difficiles. Nous avons alors choisi d’autres partenaires, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique. Vous occupez toujours la première position dans nos échanges, avec un volume de 13 à 14 milliards de dollars. Mais je ne vois pas assez d’engagement entre entreprises françaises et entreprises algériennes. Il y a un déséquilibre. Vous venez souvent en chef, mais les Algériens veulent être des partenaires ».

Il a notamment regretté que la France ne mette pas suffisamment en avant son partenariat avec le sud de la Méditerranée. « Vous ne parlez que de l’axe franco-allemand, jamais du Sud. Or l’Algérie est le plus grand pays africain. Il y a de la matière grise, du savoir. Si vous voulez exploiter le « réservoir Algérie », vous devez le faire avec des Algériens. Pas tout seuls. On veut développer notre pays, on veut voir de votre part un engagement sincère, qui nous mette en confiance. C’est la base de tout. Pour construire, pour coproduire, il faut de la confiance », a ajouté M. Haddad.

Didier Acouetey, d’origine togolaise, président d’Africsearch, qui travaille à Paris comme « chasseur de têtes » de hauts cadres pour les orienter vers l’Afrique, a été dans la même tonalité en estimant que « c’est l’amitié des Africains avec d’autres continents qui a conduit les Français à revenir vers eux… ».« L’arrivée de la Chine en Afrique a rebattu les cartes entre l’Afrique et les Européens. Il faut avoir cette discussion, il faut redéfinir le partenariat entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et l’Europe ». Il a encore estimé qu’ « il faut non seulement la confiance, mais aussi des intérêts partagés, des intérêts bien compris ».

Kaci Aït Yalla, président du FCE international, et aussi président de la Chambre algérienne de Commerce et d’Industrie en France, récemment créée pour impulser les actions de la diaspora vers l’Algérie, a eu une expression imagée : « l’Afrique attire toutes les abeilles. La plus belle, c’est la France. Mais la France ne met pas tous les moyens ». Il a fait allusion au contexte politique français en regrettant la « stigmatisation » de la diaspora et il a estimé que « c’est l’économie qui va régler les problèmes ». « C’est le moment de vous investir avec la confiance, le savoir et le vouloir », a-t-il ajouté.

Jean-Louis Guigou, président d’IPEMED, a rappelé son analyse de la nouvelle organisation du monde en « quartiers d’orange » », c’est-à-dire de régions où les accords de coopération se font entre pays proches. Il a cité les liens entre l’Allemagne et les pays de l’Est, de la Chine et des « dragons » d’Asie, des Etats-Unis avec le Mexique. « Il y a une chance historique, c’est la coopération Europe-Méditerranée – Afrique, avec comme principe la coproduction. On ne fait plus du commerce, on s’associe en partenaires. Et le capital se déplace. Car l’économie internationale devient une économie de services et non de biens. Pourquoi les africains importeraient d’Europe des produits fabriqués avec une main d’œuvre immigrée ! », a-t-il déclaré.

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