L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) de Tunisie (Parlement monocaméral du pays) a refusé, faute de quorum, l’adoption d’un projet de loi organique relatif à la convention fondatrice de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), lors d’une plénière tenue le 5 mars 2020.
L’adoption de ce projet de loi par le Parlement était pourtant nécessaire pour parachever les procédures d’adhésion de la Tunisie à la ZLECAf. Le gouvernement tunisien ayant d’ailleurs signé la convention relative à l’adhésion à cette zone le 21 mars 2018.
Une situation qui n’a pas manqué de susciter une volée de bois vert de certaines personnalités. « Comment peut-on refuser d’adhérer à la ZLECAf ? C’est comme si on se tirait une balle dans le pied, surtout que notre économie agonise et dépend du marché européen à 84% de ses échanges. Le monde entier a compris que l’avenir est en Afrique, sauf nos députés qui ont la science infuse et prennent des décisions sans demander conseil aux spécialistes », s’est insurgé le président de Tunisia-Africa Business Council (TABC), Bassem Loukil, dans un post Facebook.
Pour sa part, l’ancien ministre tunisien de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Faouzi Ben Abderrahman, s’est dit profondément étonné d’une telle décision. « Comme beaucoup d’autres, je ne comprends pas pourquoi cette loi a été rejetée, d’autant plus qu’elle n’a pas été débattue sur la scène économique et politique. Alors que tous les programmes des partis parlent d’ouverture sur l’Afrique », a-t-il déclaré. Ajoutant : « pouvons-nous dire au monde, désolé, cette loi a été rejetée parce que nos députés étaient absents à la session de l’ARP ? Excusez-nous, parce que nos députés n’ont pas compris l’importance de cette loi ?»
Entrée en vigueur depuis le 30 mai 2019, la ZLECAf doit couvrir un marché de 1,2 milliard de personnes représentant un produit intérieur brut (PIB) de 2 500 milliards $.
Selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % en éliminant les droits de douane à l’importation, et le doubler si les obstacles non tarifaires sont réduits.
Ecofin