Il reste beaucoup à faire pour que nos responsables s’adaptent aux arcanes de la nouvelle économie, où se dessinent d’importants bouleversements géostratégiques mondiaux. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmane Mebtoul. Pour lui, il faut s’attaquer à l’essentiel, une nouvelle régulation de l’économie algérienne s’impose, comme l’indique un théorème en sciences politiques : 80% d’actions mal ciblées ont un impact seulement de 20% sur le fonctionnement de la société avec un gaspillage financier que l’on voile par de l’activisme, mais 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80%, favorisant le développement, renvoyant à une vision stratégique qui fait cruellement défaut.
«Depuis des années, la presse nationale et internationale met en cause plusieurs entreprises nationales et étrangères qui s’adonnent à la majoration de leurs importations pour faire transférer des devises à l’étranger. Dans plusieurs rapports entre 2012/2019, la banque d’Algérie faisait état de dizaines de milliards de DA d’infractions de change (pénalités) constatées par les services des douanes et les officiers de la police judiciaire», explique le professeur.
Selon lui, l’Algérie a été destinataire de plusieurs rapports internationaux concernant la fuite des capitaux qui constitue une atteinte à la sécurité nationale, concernant diverses opérations liées à la corruption, l’évasion fiscale et aux opérations délictuelles. «Bien que la présomption d’innocence soit reconnue par la Loi, nous assistons à ces images désolantes de l’Algérie avec tous ces responsables devant la justice qui demandaient aux algériens de se serrer la ceinture avec comme conséquence une véritable crise de confiance entre l’Etat et le citoyen», ajoute-t-il dans ce sens.
Mais, précise M. Mebtoul, ces transferts illicites de capitaux ne peuvent se faire sans la complicité extérieure. S‘il y a des corrompus, il y’a forcément des corrupteurs. Car quelques centaines de grandes entreprises globalisées contrôlent 70% du commerce mondial, 75% du commerce de matières premières et 80% du commerce de la gestion et des services.
Dans le cadre du poids de la sphère informelle, le grand trafic auquel le gouvernement doit porter toute l’attention essentiel provient, selon le professeur, des surfacturations dont une partie reste à l’étranger et une autre partie rentre par différentes voies alimentant les marchés de devises sur le marché parallèle constituant une atteinte à la sécurité nationale et dont la responsabilité est interministérielle.
«Cela est autant plus dramatique que le cours du baril du fait de la décroissance de l’économie mondiale (prévision de 2,4% selon l’OCDE pour 2020). Nos partenaires commerciaux sont les pays qui subissent l’impact du coronavirus influant sur la demande en hydrocarbures et qui ont représenté l’essentiel des exportations/importations algériennes en 2019 : 92,80% du volume global des exportations, en s’établissant ainsi à 33,24 mds usd, contre 38,87 mds usd, en 2018, enregistrant un recul de 14,48%. Les exportations hors hydrocarbures, 2,58 mds usd, mais étant composées des demi-produits, avec 1,95 md usd donnant au total avec les dérivées 98% des recettes en devises provenant des hydrocarbures.», explique-t-il.