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Hydrocarbures: Signes avant-coureurs d’un nouveau choc pétrolier

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La surabondance du pétrole et du gaz dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale a de nouveau fait déraper les prix à des niveaux qui n’agréent guère les pays qui, à l’instar de l’Algérie, en dépendent quasi  exclusivement.
D’environ 65 dollars le baril en moyenne durant les six derniers mois il ne vallait plus que 51,44 dollars le 12 février dernier et la dégringolade promet de se poursuivre en raison de certains déterminismes. Il y a d’abord la surabondance mondiale d’hydrocarbures, dopée par le pétrole et gaz de schiste, extraits de puits qui ont envahi l’Amérique du nord et commence à proliférer dans d’autres régions du monde.
La présence d’immenses gisements d’hydrocarbures non conventionnels en Algérie et en Argentine notamment, laissent entendre que ces énergies ne manqueront pas à l’avenir et qu’elles seront même surabondantes. La géopolitique n’a par ailleurs pas du tout affectée comme on l’avait redouté avec les conflits au moyens orient et la Libye qui ont toujours continué à « pomper » du pétrole en dépit des turbulences qui affectent périodiquemment ces régions.
Il y a en suite, la maladie coronavirus qui a quelque peu « grippée » la croissance mondiale tirée par l’économie chinoise (20% du PIB mondial) et dont les conséquences commencent à être ressenties aux États-Unis d’Amérique, en Europe et dans les pays émergents qui ont des liens industriels et commerciaux intenses avec cette locomotive économique mondiale qu’est la Chine.
Beaucoup moins d’énergie fossile a été consommée depuis l’apparition de cette maladie contagieuse et les importations ont été également fortement réduites selon l’Agence Internationale de l’énergie (AIE). En tournant à moindre régime l’industrie chinoise affectera celles des nombreux autres pays avec qui elle travaille. La demande en énergie baissera si fort qu’elle affectera tout le marché mondial, qui se plaignait déjà d’un excès de l’offre.

On pourrait ajouter à ces deux causes, la volonté des États Unis d’Amérique, premier exportateur mondial d’hydrocarbures, et de son allier saoudien qui préside au destin de l’Opep, d’asphyxier économiquement l’Iran, devenu leur ennemi commun, en lui interdisant de commercer son pétrole ailleurs qu’en Chine qui, non seulement, en achète beaucoup moins à cause de la crise qui affecte son économie, mais également, à plus bas prix.

Il y a, pour tous ces éléments objectifs, de bonnes raisons de s’inquiéter que ce déclin des prix s’installe dans la durée et ruinent tous les pays qui n’ont pas su diversifier leurs économies. C’est le cas de l’Algérie qui ne vit que de ses recettes d’hydrocarbures qui perdent chaque jour de leurs consistances sous le double effet de cette baisse des prix et de la réduction des volumes de gaz et de pétrole qu’elle exporte. Le boum de consommation intérieur et l’absence de nouveaux gisements opérationnels, laissent en effet de moins en moins de quantités d’hydrocarbures à exporter.

Les prix du pétrole étant déterminés par la loi de l’offre et de la demande qui, dans les conditions objectives actuelles, ne plaide pas pour une remonté des prix, il ne reste comme seule variable possible que le Cartel de l’Opep, qui interférer sur la loi du marché en réduisant les quotas d’exportation des pays membres. Si une telle décision venait à être prise elle ne pourrait dans le meilleur des cas que stabiliser les cours à leurs niveaux très faibles actuels.

C’est donc un choc pétrolier d’une grande ampleur qui se profile à la faveur des données structurelles que nous avions évoquées. Un choc qui ne manquera pas de ravager les économies des pays trop fortement dépendants des recettes d’hydrocarbures. L’Algérie a, à titre d’exemple, besoin d’un baril à 110 dollars (estimation du FMI en 2015) pour faire fonctionner son économie, financer les transferts sociaux auxquels elle a habitué les algériens, assurer un minimum de dépenses d’équipement et payer les quatre millions de fonctionnaires et environ 1,5 millions de retraités. Il faut savoir que le déficit budgétaire de cette année n’est pas loin de 10% du PIB, ce qui est énorme et inconcevable sous d’autres cieux. La question est de savoir comment le gouvernement va s’y prendre pour mettre en œuvre son ambitieux programme d’actions avec un tel déficit, un rendement fiscal en déclin et aussi peu de recettes d’hydrocarbures à attendre ?

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