Le professeur d’économie Nour Meddahi qui a fait partie, avec l’économiste Raouf Boucekkine, d’un groupe d’experts sollicité par le gouvernement en 2017 pour la mise en place du financement non conventionnel, juge le financement par la planche à billets « inévitable ».
Dans un entretien publié ce lundi 6 janvier 2020 dans les colonnes d’El Watan, Nour Meddahi, estime que « les énormes montants tirés à l’automne 2018 et au début de l’année 2019, une période de djahilia monétaire, vont permettre de financer une bonne partie du déficit budgétaire de l’année 2020, mais ils seront peut-être insuffisants ».
Il a par ailleurs indiqué que l’Etat devrait reprendre le financement interne « en émettant des obligations souveraines », expliquant que le refinancement par la Banque d’Algérie des crédits bancaires « qui ne sont pas pour le moment éligibles permettra de créer des liquidités qui seront utilisées pour l’achat de ces obligations ».
Pour le professeur d’économie, la loi de Finances 2020 favorise les dépenses de fonctionnement qui restent stables par rapport aux dépenses d’équipement, en baisse de 20%, estimant qu’ « une baisse des investissements implique la hausse du chômage, à moins d’améliorer de manière substantielle l’efficacité dans la dépense publique ».
La situation actuelle de l’économie algérienne, à savoir une baisse de la croissance et une faible croisse du PIB hors hydrocarbure, fait dit à l’économiste que « l’année 2020 sera très dure pour l’emploi avec la LF 2020 ».
Interrogé sur la contribution des banques au financement de l’économie, M. Meddahi a d’abord rappelé le rôle de cette institution financière qui est de collecter l’argent des personnes et des entités économiques et ensuite financer toutes sortes de projets.
A ce propos, il a indiqué qu’en septembre dernier, « 5510 milliards de dinars étaient en dehors des circuits bancaires, soit 26,6% du PIB, ce qui est très élevé ». De ce fait, M. Meddahi juge la collecte des ressources par les banques « défaillante ».
Les Banques et le financement de l’économie
Évoquant les crédits des banques au système économique, M. Mddahi a rappelé qu’ils sont en constante progression et relativement élevés. Selon l’expert, ces crédits avaient atteint « 10 300 milliards de dinars en mars dernier, soit 49,8% du PIB », soulignant que la moitié des crédits est allouée au secteur public.
Il a rappelé, à cet égard, que beaucoup de crédits ont été alloués pour financer des investissements dans des secteurs saturés, citant l’exemple de la cimenterie, « en bonne partie pour profiter des surfacturations ».
Concernant les entreprises endettées, notamment les entités publiques, la conjoncture politique et l’opération mains propres lancée par les autorités pour endiguer le fléau de la corruption, devenue endémique, font craindre à l’économiste « des défauts de remboursements des dettes de certaines entreprises ».