Sérieusement mise à mal, durant la décennie écoulée, par le recours aussi drastique qu’injustifié – au regard de ses retombées néfastes sur sa pérennité, s’entend -, par certains opérateurs économiques, à l’importation de concentré de tomate, la filière production-transformation de la tomate industrielle, connaît, ces dernières années, une renaissance remarquable.
Non pas que cette importation a cessé, loin s’en faut, mais du fait de la conjugaison d’un ensemble de facteurs. Situés à différentes niveaux mais qui s’interpénètrent. Et en tête desquels se trouve la claire volonté des pouvoirs publics d’aider, par des mesures concrètes, les producteurs de tomate industrielle à travers le pays à développer leurs activités ; une aide qui s’inscrit dans l’objectif, aujourd’hui, clairement affiché et assumé, de réduire la facture d’importation de produits alimentaires et ce, par la développement de la production nationale.
A titre d’exemple, tout agriculteur qui s’engage dans la production de ce produit bénéficie d’une aide financière de l’Etat, visant à «l’acquisition de nouvelles techniques (de production) plus modernes à même d’intensifier les rendements », fixée à 16 000 DA pour tout hectare cultivé; une aide qui est renforcée par l’octroi d’une subvention supplémentaire de 4 DA pour tout kilogramme (de tomate industrielle) effectivement livré à une unité de transformation.
Des mesures dont la pertinence s’est très vite vérifiée. Comme l’attestent et l’extension, à travers le territoire national, des surfaces dédiées à la culture de la tomate industrielle, et l’augmentation sensible de sa production : en 2015, la première était de 23 000 ha alors qu’en 2009 elle tournait autour de 12 000 ha. Et la seconde avait dépassé, l’année écoulée, les 12 millions de quintaux alors qu’elle se situait, en 2012, légèrement au-dessus des 8 millions de quintaux.
Des résultats auxquels ont grandement contribué quatre wilayas du Nord-est du pays : 90% de la superficie nationale totale dédiée à la culture de la tomate industrielle, sont, en effet, concentrés sur le territoire des wilayas d’Annaba, Skikda, Guelma et Tarf. Où est également implanté le gros des 27 unités de transformation de ce produit existantes à l’échelle nationale.
La wilaya de Guelma illustre parfaitement cette évolution positive de la filière de la tomate industrielle. Et ce, aussi bien sur le plan de l’extension de la superficie y dédiée à la culture de ce produit – de 2350 ha, en 2011, celle-ci est, en effet, passée à presque 4500 ha l’année écoulée – que sur celui de la hausse sensible de sa production. Selon des données publiées récemment par la DSA (Direction des Services agricoles) de cette wilaya, la production de tomate industrielle qui y avait atteint les 2,662 millions de quintaux, en 2014, s’est améliorée, en 2015, pour atteindre les 3,130 millions de quintaux. Une amélioration à laquelle, selon les mêmes sources, a largement contribué celle, sensible, du rendement moyen à l’hectare : de 200 qx/ha seulement en 2011, ce dernier atteint aujourd’hui les 700 qx/ha. Ce qui est de bon augure pour le devenir de la filière.
Mais pas uniquement dans la wilaya de Guelma : les mêmes résultats encourageants ayant été également enregistrés à l’échelle nationale. Et plus particulièrement dans les wilayas traditionnellement productrices de tomate industrielle du Nord-est du pays où le rendement moyen à l’hectare a dépassé, en 2015, la barre des 600 qx/ha.
Intervenant, il y a quelques mois, lors d’une Journée d’études et d’information sur la filière (de la tomate industrielle) qui s’est tenue dans la ville de Guelma, précisément, Laïd Benamor, PDG du groupe agro-alimentaire Amor Benamor, président en exercice de la CACI (Chambre algérienne de commerce et d’industrie) et vice-président du FCE (Forum des chefs d’entreprise), a annoncé que « si la cadence de croissance est maintenue, l’Algérie parviendra, dans les deux prochaines années, à assurer son autosuffisance en tomate industrielle et pourra exporter ce produit dès 2020 ». Un pronostic que Sophie Colvine, secrétaire générale de l’Association méditerranéenne internationale de la tomate (AMITOM) et membre du Conseil mondial de la tomate industrielle (WPTC), qui avait pris part à la réunion précité, a largement confirmé. Et ce, en déclarant que la production de 2015, qui a permis selon, Laïd Benamor, « de couvrir 80% des besoins (en la matière) du marché national », fera passer l’Algérie « du 14ème au 11ème rang mondial parmi les pays partageant présentement 87% des parts du marché (mondial)».