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L’intensification de la concurrence sur les marchés africains pour stimuler la croissance et lutter contre la pauvreté

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Augmenter la concurrence sur les marchés de consommation ainsi que dans les secteurs des principaux facteurs de production peut favoriser le développement de l’Afrique et mettre fin à la pauvreté, d’après un rapport publié par le Groupe de la Banque mondiale (a) et le Forum africain de la concurrence (FAC). Ce rapport, intitulé Breaking Down Barriers (Lever les obstacles), parvient à la conclusion qu’une baisse de seulement 10 % des prix des denrées de base, obtenue en s’attaquant aux cartels et en améliorant la réglementation qui restreint la concurrence sur les marchés de l’alimentation, peut faire sortir près d’un demi-million de personnes de la pauvreté en Afrique du Sud, au Kenya et en Zambie, et permettre aux ménages vivant dans ces pays d’économiser plus de 700 millions de dollars par an.

Par ailleurs, il est nécessaire de réformer en profondeur le marché de certains secteurs essentiels pour dynamiser la concurrence et la croissance économique. Si des pays tels que l’Éthiopie, le Ghana ou la Zambie réforment leur marché des services aux sociétés, leur PIB respectif pourrait augmenter de près d’un demi-point de pourcentage, grâce à des entreprises qui ont recours de manière intensive à ce type de prestations. Pour un pays comme la Zambie, qui a connu une croissance de 1,7 % en 2015, ce n’est pas négligeable. Le rapport laisse même entendre que des réformes de grande ampleur de certains services, par exemple l’électricité, les télécommunications et les transports, auraient des effets encore plus importants, car les retombées toucheraient davantage de secteurs de l’économie.

« Un renforcement des politiques de concurrence en Afrique favoriserait non seulement une croissance économique et une compétitivité durables à l’échelle du continent, par la création d’entreprises et de secteurs plus productifs, mais permettrait également de réduire directement la pauvreté, car les consommateurs, les pauvres en particulier, auraient accès au meilleur prix aux biens et aux services essentiels », explique Anabel Gonzalez (a), directrice principale du pôle mondial d’expertise en Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale.

Le niveau de concurrence des pays d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord est relativement faible. À l’échelle mondiale, plus de 70 % des pays africains se situent dans la moitié inférieure du classement en termes d’intensité perçue de la concurrence locale et d’existence d’éléments fondamentaux pour des marchés concurrentiels. Ce manque de concurrence s’opère au détriment des consommateurs de la région, et en particulier des plus pauvres d’entre eux. Dans de nombreux pays africains, les denrées alimentaires de base – le riz blanc, le sucre blanc, le poulet congelé, le pain, le beurre, la farine, le lait, les pommes de terre et les œufs – sont au moins 24 % plus chères que dans le reste du monde, même en prenant en compte la demande et les coûts du transport.

Sur les marchés des facteurs de production également, on observe des restrictions à la concurrence qui, d’après le rapport, nuisent à la compétitivité de l’Afrique. Prenons le secteur des télécommunications : dans les 27 pays africains qui figurent dans ce rapport, plus de 50 % du marché de la téléphonie mobile est détenu par une même entreprise. Des études menées en Afrique ont montré que l’arrivée d’un nouvel opérateur aboutit à une augmentation de 57 % des souscriptions à un contrat de téléphonie mobile, ce qui peut avoir des effets considérables sur la productivité du pays. Le rapport se consacre en particulier au développement de la concurrence et d’environnements de régulation au sein des marchés du ciment, des engrais et des télécommunications, qui sont fondamentaux pour la compétitivité du secteur de la construction et de l’agriculture, ainsi que pour la prospérité des ménages les plus fragiles. S’agissant du ciment, par exemple, le rapport conclut que l’application de la législation régissant la concurrence, l’élimination des barrières non douanières et la mise en place de règles favorables à la concurrence pour que de nouveaux acteurs puissent se lancer dans la production de calcaire et de clinker pourraient permettre aux consommateurs africains d’économiser quelque 2,5 milliards de dollars par an.

« En Afrique, nombre de pays adoptent des lois en matière de concurrence, ce qui est prometteur pour la croissance et le développement. Néanmoins, même si les bienfaits de la concurrence y sont déjà visibles, des efforts considérables doivent encore être déployés pour faire appliquer ces lois, et les politiques correspondantes, sur ce continent. La collaboration entre les autorités de concurrence africaines, de manière bilatérale et par le biais du Forum africain de la concurrence, ainsi qu’avec des partenaires du développement, est cruciale pour le renforcement des capacités des autorités plus récentes, pour la systématisation de l’information sur les difficultés et les opportunités liées à la concurrence, et pour remédier aux problèmes ayant trait à la concurrence entre les pays de la région », note Tembinkosi Bonakele, président du Forum africain de la concurrence et membre du Comité exécutif de la Commission de la concurrence d’Afrique du Sud.

Ce rapport, en plus de présenter les bénéfices de la concurrence dans des secteurs précis, souligne les importants progrès réalisés en Afrique en ce qui concerne la création d’autorités de la concurrence plus efficaces, et il met en évidence les aspects sur lesquels concentrer les efforts pour aviver la concurrence au sein des principaux marchés de la région. Au cours des 15 dernières années, le nombre de pays d’Afrique dotés de lois sur la concurrence est passé de 13 à 32, et 25 d’entre eux sont munis d’autorités de la concurrence. Toutefois, ce rapport laisse apercevoir une marge d’amélioration s’agissant de la priorité donnée aux ressources et de l’utilisation des pouvoirs et des outils disponibles, en vue de renforcer le rôle des politiques de concurrence dans le cadre plus général du programme de développement africain.

Source : Banque Mondiale

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