La famille du Moudjahid Lakhdar Bouregâa va déposer une plainte contre la controversée présidente du Parti de l’équité et de la proclamation (PEP) Naima Salhi, a annoncé l’avocat Me Abdelghani Badi dans un entretien à El Watan de ce dimanche 29 décembre.
La député à l’APN est connue pour ses discours véhiculant la haine à travers des vidéos et des écrits publiés sur les réseaux sociaux. « Concernant Naïma Salhi, je vous apprends que la famille du commandant Lakhdar Bouregâa s’est approchée de notre collectif d’avocats pour le dépôt d’une plainte contre la députée, et ce, dans les plus brefs délais. La famille de Bouregâa veut la poursuivre en justice à cause de sa dernière vidéo. Nous allons saisir la commission juridique de l’APN, le ministère, etc. Les discours de haine sont inacceptables », a indiqué Me Badi.
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Naima Salhi s’est attaquée à Lakhdar Bouregâa, en détention provisoire à la prison d’El Harrach à Alger depuis fin juin dernier. La présidente du PEP a accusé le Moudjahid d’intelligence avec l’étranger. Elle est allée même jusqu’à remettre en cause son combat durant la guerre de révolution au sein des rangs de l’armée de libération nationale.
Selon Me Badi des avocats du barreau de Béjaïa, et d’autres ont déposé des plaintes contre Naima Salhi, députée à l’APN, mais sans réaction à ce jour. « Je m’interroge d’ailleurs sur l’inaction du ministère de la Justice et de la commission juridique de l’APN après les dérapages répétés de la députée », a-t-il dit.
« Le discours raciste et violent dont font la promotion les Salhi, Benkoula et d’autres agrée visiblement le pouvoir. Il sert sa stratégie de domestication du Hirak. Légalement, les déclarations criminelles de ces individus n’exigent aucunement le dépôt d’une plainte, mais seulement une déclaration, comme celle que j’ai postée sur ma page Facebook et qui a été partagée des centaines de fois. Le parquet doit s’autosaisir après toutes ces attaques qui ciblent une région du pays, la Kabylie en l’occurrence », a-t-il expliqué.
« Nul n’est au-dessus de la loi »
Me Badi a précisé que « des militants ‘inventorient’ les propos de Benkoula, Naïma Salhi, etc. La VAR, comme l’appellent les facebookeurs, est active. Il s’agit de répertorier tous les propos racistes, d’où qu’ils viennent : qu’il s’agisse des séparatistes ou des baâthistes, dont le discours est revenu au-devant de la scène, nul n’est au-dessus de la loi ».
« La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur, parce que les conséquences de tels agissements sur le pays, comme nous le craignons, seront à terme terrifiantes. Par leur discours, ces gens sèment les graines d’une future guerre civile. Il y a les exemples des voisins, en Libye, en Syrie et au Yémen, où la guerre a été alimentée par le confessionnalisme, le racisme communautaire, religieux… », a-t-il prévenu.
Il a ajouté que « les textes de loi sont très clairs. Ainsi, les articles 77 et 96, entre autres, du code pénal punissent tout acte incitant à la haine contre une partie de la population, les appels à la division… Mais nous constatons que ces articles sont appliqués uniquement aux manifestants pacifiques du mouvement populaire. Les autorités politiques judiciaires restent silencieuses, lorsqu’elles estiment que ces actes délictueux peuvent fragiliser davantage le mouvement populaire. »
« Il faut commencer par rappeler ce qui s’est passé ces dernières heures. Il y a d’abord les agressions signalées lors des marches d’hier (vendredi) et l’absence de réaction du parquet. Il n’y a eu aucune arrestation ni poursuite contre les agresseurs, qui ont pourtant agi à visage découvert, contrairement à ce qui s’est passé lors de la campagne électorale », a fait remarquer l’avocat.
Me Badi a rappelé que « toutes ces interpellations et des poursuites en masse engagées contre des manifestants accusés d’entrave au processus électoral ». « Le comportement que je qualifie de sélectif des autorités est inacceptable ». Selon lui « il y a toutes ces publications sur les réseaux sociaux qui appellent à la haine ou carrément à la violence contre les manifestants du Hirak, comme justement ce post de Benkoula que vous citez. Mais là aussi, il n’y a pas eu de poursuites ».
Il a estimé que « le pouvoir actuel est toujours prompt à arrêter et incarcérer des personnes accusées d’«atteinte à l’unité nationale» pour ce slogan : « Madania machi askariya » (Etat civil, non militaire). Mais à côté, les graves discours de haine en ligne ou dans la rue n’émeuvent point les pouvoirs publics, alors que les conséquences de tels appels sur la société et l’État sont terrifiantes ».