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La liquidité bancaire s’est davantage détériorée au cours des neuf premiers mois de 2015

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En situation de déficit de la balance des paiements extérieurs et de creusement du déficit budgétaire, la situation monétaire agrégée établie à partir des situations mensuelles des banques et de la Banque d’Algérie se caractérise, au cours des neuf premiers mois de 2015, par une très faible progression de la masse monétaire M2 (0,81 %), après une contraction au premier semestre de la même année (-0,13 %).
Cela contraste avec le fort rythme de croissance en la matière réalisé au cours des neuf premiers mois de l’année passée (12,06 %). La très faible progression des liquidités monétaires et quasi monétaires des neuf premiers mois de l’année en cours est due principalement à la forte baisse des dépôts à vue au niveau des banques (- 11,96 %).

La contraction plus prononcée des dépôts du secteur des hydrocarbures (- 39,10 %) au cours de la période sous revue confirme (-14,09 au premier semestre 2015) l’acuité de l’impact de la chute des prix des hydrocarbures sur la situation financière de l’entreprise nationale des hydrocarbures. Après une progression de 5,46 % au premier semestre 2015, la quasi monnaie (dépôts à terme en dinars et dépôts en devises) s’est accrue de 7,24 % au cours des neuf premiers mois de l’année en cours, soit au même rythme qu’à fin septembre 2014.

En dépit de la poursuite de la progression de la monnaie fiduciaire (12,78 %), qui représente par ailleurs 29,9 % de M2 à fin septembre 2015, la contraction des dépôts bancaires à vue a été d’une ampleur telle que la masse monétaire M1 a enregistré une décroissance de 1,92 %. Contrairement à la contraction de la masse monétaire au sens de M1, l’agrégat monétaire M2 hors dépôts du secteur des hydrocarbures s’est accru de 3,37 %. Cela signifie clairement que la contraction des ressources au cours des neuf premiers mois de 2015 provient exclusivement de l’ampleur du choc externe sur l’économie nationale.

Dans cette conjoncture de choc externe et de contraction corrélative de ressources, l’évolution de la structure de la masse monétaire M2 montre une augmentation de la part relative de la monnaie fiduciaire à 29,9 % à septembre 2015 (26,7 % à fin 2014). Cette composante de l’épargne financière des ménages et entreprises constitue une opportunité pour les banques, en termes de renforcement de l’intermédiation financière. L’analyse des contreparties de la masse monétaire fait ressortir une forte diminution des créances nettes de l’Etat sur le système bancaire (-75,03 %) à fin septembre 2015, soit un rythme qui est pratiquement le double de celui de l’année 2014. Cela confirme le creusement significatif du déficit des opérations du Trésor, en situation de maintien du profil des décaissements au titre des dépenses publiques en dépit du choc externe.

Les crédits à l’économie ont poursuivi leur progression

Malgré la contraction des ressources corrélative à ce choc, les crédits à l’économie ont poursuivi leur progression au cours des neuf premiers mois de l’année sous revue, au rythme de 13,35 % (8,70 % au premier semestre 2015) contre 19,91 % à fin septembre 2014.
Eu égard au choc externe « violant », ce rythme d’expansion des crédits à l’économie ne semble pas être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie. L’analyse de la structure des crédits à fin septembre 2015, par secteur juridique, montre que 52,43 % des crédits sont accordés au secteur public et 47,57% des crédits sont accordés au secteur privé dont 6,09% aux ménages.

Sur la base des situations mensuelles des banques et des données de la centrale des risques, les crédits accordés au secteur public, ont atteint 3865,3 milliards de dinars à fin septembre 2015 contre 3382,3 milliards de dinars à fin décembre 2014. Soit une hausse de 14,28 %, de moitié celle atteinte durant la même période de l’année précédente 28,26 %. Les crédits accordés au secteur privé atteignent 3 058 milliards de dinars à fin Septembre 2015 contre 2717,7 milliards de dinars à fin décembre 2014 soit une croissance de 12,5 %, le même rythme de croissance enregistré durant la même période de l’année précédente 12,66 %.

Les crédits accordés aux ménages ont atteint 449,2 milliards de dinars à fin septembre 2015 contre 404 milliards de dinars à fin décembre 2014 et 386 milliards de dinars à fin septembre 2014, soit une hausse de 11,19 % (une hausse de 10,90 % durant la même période de l’année précédente) mais avec une faible contribution à la croissance globale des crédits 5,21 %. Par ailleurs, la structure des crédits par maturité indique qu’à fin septembre 2015, les crédits octroyés à court terme représentent 24,79 % du total des crédits contre 27% à fin septembre 2014 et 24,73 % à fin décembre 2014. Les crédits octroyés à moyen et long terme, quant à eux, représentent 75,21 % des crédits à fin septembre 2015, contre 73 % à fin septembre 2014 et 75,27 % à fin décembre 2014.

Refinancement des banques

A fin septembre 2015, la liquidité globale des banques s’établit à 1828 milliards de dinars (2104,96 milliards de dinars à fin juin 2015) contre 2730,88 milliards de dinars à fin décembre 2014. Ainsi, après une forte contraction au premier semestre 2015 (- 625,92 milliards de dinars), la liquidité bancaire s’est davantage détériorée au cours des neuf premiers mois de 2015.

La forte baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures en est la principale cause, en contexte de persistance du choc externe. Sous l’effet de la contraction de la liquidité de certaines banques, le marché monétaire interbancaire a enregistré une augmentation des montants échangés, soit 370,50 milliards de dinars à fin juin 2015 (315,50 milliards de dinars à fin mars 2015) contre 96,5 milliards de dinars à fin décembre 2014. Cependant, le troisième trimestre 2015 a enregistré une diminution du montant des liquidités échangées sur ce marché, soit 170,5 milliards de dinars à fin septembre 2015.

Aussi, face à l’amenuisement de l’excès de liquidité et dans le but de dynamiser davantage le marché monétaire interbancaire, la Banque d’Algérie a commencé à réduire graduellement les reprises de liquidité. Il est attendu un retour des banques et établissements financiers au refinancement auprès de la Banque d’Algérie, notamment via le réescompte, à partir du premier trimestre de l’année 2016.

K.L

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