Une nouvelle période d’incertitude en Tunisie s’est ouverte samedi 30 juillet 2016, après le retrait par le parlement (Assemblée des Représentants du Peuple), de sa confiance au Premier Ministre Habib Essid (photo), à la tête du gouvernement depuis 18 mois.
Selon la constitution tunisienne, le président de la république devra engager des consultations dans un délai de 10 jours, pour la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale.
Dans le sillage de cette consultation parlementaire qui était très attendue, le marché financier tunisien a terminé la semaine dernière sur une très faible progression (+0,14%), avec 16 hausses seulement contre 21 baisses concédés vendredi 29 juillet. Dans le même temps, les volumes échangés se sont limités à 2,2 millions de dinars, si on excepte les transactions de bloc de 30,2 millions de dinars réalisée sur les titres de Banque de l’Habitat.
Le mandat de M. Essid s’achève alors que la Tunisie est confrontée à une faible croissance de son économie, (+ 0,8 % en 2015) et un taux de chômage à l’origine de tensions sociales. Selon les récentes statistiques, le fléau toucherait 15,4 % de la population active au premier trimestre 2016 avec une pointe à 31 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Une situation qui a donné des arguments à ses adversaires politiques dont une partie critique l’option de recourir au FMI pour soutenir l’économie du pays.
Manœuvrer la Tunisie est pourtant une chose difficile. Le pays est le seul pays d’Afrique du Nord post printemps arabes à afficher une certaine stabilité, malgré les défis de sécurité à sa frontière avec la Libye et des attentats qui ont négativement impacté ses revenus touristiques. L’Egypte doit sa paix relative à un pouvoir autoritaire et répressif et la Libye est complètement déchirée.
Le départ de M. Essid survient alors que la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis retrouvait une certaine stabilité. Depuis le début de l’année, elle affichait un rendement positif de 6,25% au 29 juillet 2016. Les indicateurs d’activités des sociétés cotées pour le premier semestre ont fait ressortir une amélioration des performances, notamment pour les banques, dont la plupart a annoncé des Produits Nets Bancaires en hausse sur la période.
Les regards sont désormais tournés vers le nouveau gouvernement. Mais selon des vœux attribués au président Béji Caïd Essebsi, il devrait former un gouvernement d’Union Nationale. Cette option risque de renvoyer en seconde zone les objectifs de performance économique, en raison des guerres de factions au sein de la classe politique tunisienne. Dans cet ordre des choses, le parti Ennahda, premier parti représenté au parlement tunisien avec 69 sièges sur 217, proche des positions islamistes, devrait voir sa participation élargie au sein de la future coalition.
Source : Agence ECOFIN