Le Président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Samy Agli est revenu, ce dimanche 1er décembre, sur l’audience que lui a accordé hier le Premier ministre Noureddine Bedoui, affirmant qu’au FCE « la ligne rouge » à ne pas dépasser est la politique.
Selon lui, le Forum ne se mêle pas de la chose politique, mais uniquement de ce qui concerne l’économique. Samy Agli a précisé que les seuls interlocuteurs du FCE sont les « les représentants de l’État, à leur tête le Premier ministre ».
« Depuis que j’ai été élu à la tête du Forum des chefs d’entreprise (FCE), et depuis nous avons tracé un nouveau plan orienté 100% économie et il n’y aura pas autre chose que l’économie », a indiqué Samy Agli, assurant que « les choses se passent bien et s’améliorent ». « Nous avons changé les choses et nous continuerons à apporter du changement », a-t-il dit, lors de son passage ce matin dans une émission sur Ennahar TV.
« L’économie doit être la priorité de nos priorités, et c’est ce que nous faisons aujourd’hui au Forum des chefs d’entreprise », a affirmé Samy Agli, ajoutant que « l’économie doit aussi être la priorité des priorités des gouvernements, et nous, nous serons une véritable force de propositions surtout maintenant ».
Entreprises en difficultés : « Des mesures urgentes doivent être prises par l’État »
Sur la rencontre avec Bedoui, il a indiqué qu’elle l’a été à la demande du FCE et durant laquelle il a été question surtout des entreprises en difficultés. « Nous avons demandé une audience du Premier ministre, car il y a des mesures urgentes qui doivent être prises par l’État. Nous remercions le Premier ministre en sa qualité de chef de l’exécutif qui nous a reçu », a-t-il dit, soulignant que la rencontre était dans le cadre économique et n’ont pas politique.
« C’est pour cela que nous avons demandé à rencontrer le Premier ministre auquel nous avons exposé les mesures urgentes » qui doivent être prises par l’État, car, a-t-il enchaîné, « aujourd’hui, l’entreprise, particulièrement, est difficulté, et l’économie en général est en crise, et il faut des décisions très urgentes ».
Selon le président du FCE, des mesures urgentes qui doivent être prises car, les entreprises en difficulté doivent continuer leur activité, le chômage augmente de « façon anormale », des filières entières sont en crise, etc. « Notre rôle, en tant que FCE, c’est d’être une force de propositions, l’accompagnement de l’opérateur économique et travailler avec les pouvoir publics », a-t-il expliqué. « En toute transparence, nous avons transmis au premier ministre, les vrais problèmes économiques et notre vision de la situation actuelle de l’économie, notamment, dans le secteur du BTPH, dont les entreprises ferment, les entreprises qui ont des problèmes avec les banques et l’administration, … », a-t-il expliqué. Selon lui, « des milliers d’entreprises ferment malheureusement ».
« Avec les lois actuelles, l’importation est mieux que l’investissement »
Au sujet des entreprises dont les patrons ont été placés en détention, Samy Agli a indiqué que « nous ne mêlons pas des affaires de Justice. Nous ne parlons pas des personnes, mais, les entreprises concernées doivent être sauvegardées et poursuivre leurs activités ».
Il a souligné que ces entreprises ont des travailleurs directs et indirects, des sous-traitants. « C’est de nôtre rôle d’accompagner ces entreprises-là en particulier, et toutes les entreprises et les opérateurs économiques en général dans tous les secteurs », a ajouté Samy Agli.
Le président du FCE a fait savoir que parmi les points discutés avec le Premier ministre Bedoui de façon « précise » est les entreprises en difficultés, et les usines de montages CKD/SKD. À propos de ces dernières, il a rappelé qu' »il y avait une volonté politique et l’État a décidé à un certain moment qu’il fallait qu’on ait un tissu industriel dans ce domaine ». « Il y avait des opérateurs qui ont eu le courage d’investir dans ce créneau et ils ont fait de grands investissements, et aujourd’hui, ils constatent que leurs investissements ont été fait pour rien », a-t-il déploré, rappelant le changements des lois régissant l’investissement.
« Il est inacceptable de mettre tous les opérateurs dans le même sac. Il y a des opérateurs qui ont investi et d’autres qui n’ont pas investi », a indiqué Samy Agli, ajoutant qu' »avec les lois actuelles, l’importation est mieux que l’investissement », relevant qu’il y a des usines qui emploient entre 400 à 500 personnes sont en train de fermer. Selon lui, le secteur de la téléphonie mobile est aujourd’hui dans une grave crise.
« L’Algérie pourrait devenir la Chine de l’Afrique »
Évoquant le climat des affaires en Algérie, le président du FCE a estimé que « sur le marché algérien, nous n’avons pas des points pour attirer les investisseurs étrangers », il a relevé à ce propos « l’instabilité réglementaire, l’instabilité des lois qui changent chaque trois mois ».
Estimant que « nous pouvons nous développer nous-mêmes ce qui prendrait beaucoup de temps », il a indiqué que « nous avons besoin des investisseurs étrangers qui vont apporter l’expertise qui nous fera gagner du temps ». « Le temps c’est de l’argent », a-t-il plaidé.
Notant que les opérateurs algériens ont les capacités pour développer le marché national, et que les investisseurs étrangers cherchent des opportunités, qui ne sont pas dans les pays développés mais en Afrique, Sami Agli a estimé que « quand on parle aujourd’hui du marché africain, l’Algérie pourrait devenir demain la Chine de l’Afrique » au vu des opportunités qu’elle offre aux investisseurs étrangers.
Pour ce qui de la règle 51/49, il a expliqué qu’un investisseur étranger ne doit pas forcément avoir un partenaire local. « L’investisseur étranger peut avoir un partenaire local minoritaire et gagnant, comme il peut avoir un partenaire local majoritaire », a-t-il expliqué, affirmant que l' »État est dans son droit de protéger les secteurs stratégiques » avec la règle 51/49.
Il a en outre plaidé à l’identification des secteurs stratégiques dans lesquels l’Algérie devrait devenir puissante, citant dans ce sens, le secteur de l’agriculture qui, selon lui, est un domaine « prioritaire ».