AccueilActualitéInternationalL'Irak en grève « jusqu'à la chute du régime »

L’Irak en grève « jusqu’à la chute du régime »

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Routes coupées, écoles et administrations fermées ce dimanche en Irak, premier jour de la semaine : après un mois de manifestation, la pression augmente.

La contestation, qui réclame la « chute du régime » est née le 1er octobre. Dernièrement, elle a pris un tour plus festif et est désormais organisée par les étudiants et les syndicats.

Dimanche, ils ont multiplié les appels à la désobéissance civile, tandis que les syndicats des enseignants, des ingénieurs, des médecins et des avocats ont déclaré la grève générale, paralysant la plupart des écoles publiques et des administrations de la capitale Bagdad et du sud.

Depuis plusieurs jours, des manifestants bloquent la route menant au port d’Oum Qasr (sud), suscitant l’inquiétude des autorités pour les importations, notamment alimentaires. Des dizaines de bateaux ont repris la route sans avoir pu décharger leurs cargaisons, a indiqué une source portuaire.

Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi est sorti de son silence dimanche soir, assurant que « de nombreuses revendications ont déjà été satisfaites » et qu’il faut maintenant « retourner à la vie normale ». Mais les promesses d’élections anticipées, de réformes du système des embauches et des retraites, n’y font rien. A Bagdad, de jeunes manifestants ont garé des voitures en travers de routes, tandis que des cortèges d’étudiants et d’écoliers se dirigent vers la place Tahrir, épicentre de la contestation.

A Kout, au sud de Bagdad, Tahssine Nasser, 25 ans, explique que « couper les routes » permet d’envoyer « un message au gouvernement » : « on restera dans la rue jusqu’à la chute du régime et le départ des corrompus et des voleurs ».

Ce dimanche ne marque pas seulement un tournant dans la contestation, mais aussi dans l’histoire des mouvements sociaux en Irak. Pour la première fois depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, un mouvement de contestation nait de manière spontanée, avec des syndicats à sa tête.

Cette mobilisation inédite est menacée par une campagne d’intimidation et des violences, régulièrement dénoncée par la communauté internationale et les défenseurs des droits humains. Des médias ont été attaqués, des blogueurs et des militants enlevés et plusieurs figures ont dénoncé une « nouvelle République de la peur ».

Dimanche encore, la Commission gouvernementale des droits humains a annoncé l’enlèvement de Saba Mahdaoui, une médecin et militante, dénonçant « des opérations d’enlèvement organisées » alors qu’une autre militante vient tout juste d’être libérée.

Sur Tahrir, des violences nocturnes ont de nouveau fait un mort, selon des sources médicales, ainsi que des dizaines de blessés.

Si aucun tir à balles réelles n’y a plus lieu, comme cela avait été le cas début octobre, les forces déployées tirent en direction des manifestants des grenades lacrymogènes dix fois plus lourdes qu’ailleurs dans le monde et qui peuvent fendre des crânes et briser des os, selon Amnesty International. La contestation a fait, depuis début octobre, au moins fait 257 morts.

Afp

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