« Dans les circonstances actuelles, se lancer dans la promulgation de la loi sur les hydrocarbures semble prématuré », a indiqué l’ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouiouèche, dans un entretien publié ce dimanche 20 octobre 2019, dans les colonnes du quotidien El Watan.
Il explique, à ce propos, que les prévisions du marché pétrolier pour 2020, qui ne sont pas optimistes – un pétrole autour de 60 dollars le baril et un gaz à 2 dollars, le million de BTU – ne poussent pas les investisseurs à s’impliquer.
Promulguer une telle loi alors que » nous sommes en processus pour élire un nouveau gouvernement peut amener les investisseurs potentiels à craindre une remise en cause, même partielle », par ce nouvel Exécutif, a-t-il affirmé.
Pour l’ancien PDG de Sonatrach, « le projet de loi sur les hydrocarbures introduit des nouveautés qui ne sont pas nécessairement des avancées. Nouvelles formes de partenariat, diminution des taux d’imposition, diminution de la redevance, ne sont pas dans notre cas un outil de relance de l’activité en partenariat comme semble vouloir l’être ce projet de loi ».
Nouvelles forme de partenariat et déclin de la production
Interrogé sur les nouvelles formes de partenariat évoquées dans le projet de loi, M. Zouiouèche a indiqué que « la loi 86/14 modifiée, qui prévoyait principalement le partage de production (sharing production) a permis de bons résultats (…).Durant la décennie 1990, malgré la conjoncture, les investisseurs se bousculaient pour aboutir à un accord de partenariat ».
Pour l’expert pétrolier, « il suffit de revoir le dispositif pour le rendre plus aisé à manager, en particulier en ce qui concerne les coûts d’exploitation qui peuvent diverger », ajoutant que « cette législation est revue en collaboration avec tous les experts nationaux pour la rendre plus efficace et plus conforme aux conditions du moment, tout en évitant les quelques problèmes rencontrés dans son application au cours de la décennie 1990 ».
Il a par ailleurs précisé que « le partage de production, amélioré pour tenir compte des conditions du marché, est probablement le mécanisme qui pourrait attirer le maximum d’investisseurs sans remettre en cause les intérêts essentiels du pays ».
Évoquant le déclin de production des hydrocarbures, M. Zouiouèche a rappelé que le déclin de la production remonte à il y a une dizaine d’années, estimant que « nous risquons, compte tenu d’une augmentation de la demande interne, de compromettre nos exportations qui apportent l’essentiel de nos recettes en devises ».
Il plaide pour une « transition énergétique » qui combine « l’ensemble des technologies et des pratiques qui permettent de diminuer la consommation tout en conservant le même service, ce qui ne peut qu’améliorer les résultats économiques ».
S’agissant du gaz, qui sert à produire l’électricité que nous consommons, a-t-il précisé, « il serait temps de faire appel à la manne inépuisable dont nous disposons, les énergies renouvelables, particulièrement le solaire ».