Dans son récent rapport publié la semaine dernière, Africa CEO Forum, qui rassemble chaque année les acteurs du secteur privé africain, et le cabinet de conseil dédié à l’Afrique, OKAN, ont livré leurs recommandations pour améliorer et moderniser la logistique en Afrique, secteur clé pour le succès de l’intégration économique du continent.
Les auteurs du rapport intitulé « logistique africaine : l’heure de la révolution » estiment que la modernisation de la logistique africaine est l’un des chantiers les plus importants auquel fait face le continent aujourd’hui et que malgré les progrès enregistrés ces quinze dernières années, notamment dans le domaine portuaire par lequel transite 90% du commerce continental, le secteur reste insuffisamment compétitif et moderne pour soutenir l’industrialisation et l’intégration économique africaine.
Le rapport a rappelé que « le continent représente toujours une part marginale des échanges internationaux (2 % des exportations mondiales, contre 13 % pour la Chine) et ses marchés restent fragmentés (échanges interafricains ne représentant que 18 % des exportations totales, contre 55 % en Amérique et 69 % en Europe) ».
Seul un réseau logistique finement maillé, multimodal et transfrontalier sera en mesure d’« innerver » l’Afrique et de porter les échanges et les investissements indispensables à son émergence, estiment les rédacteurs du rapport.
Dans ce rapport, six recommandations pragmatiques ont été formulées, afin d’accélérer une véritable révolution du secteur de la logistique africaine, au moment où la Zone de Libre-Echange Continentale africaine rentre dans sa phase opérationnelle.
Premièrement, il s’agit d’accélérer la modernisation des ports et de créer des escales continentales incontournables. En effet, l rapport précise que « les ports jouent un rôle clé en Afrique, 90 % des flux de marchandises import-export y passent. Depuis 2001, dans le contexte d’une croissance soutenue, les flux conteneurs ont été multipliés par 6 ».
Les auteurs du rapport recommandent aussi de développer la logistique intra-africaine autour de corridors multimodaux, notamment en structurant les corridors routiers qui connectent les grands centres économiques. Le rapport recommande également de repenser la logistique des villes africaines et de renforcer les capacités des Etats.
La logistique africaine en chiffres
Par ailleurs, les rédacteurs du rapport livrent en chiffres un état des lieux de la logistique en Afrique. L’équivalent de 1 % à 2 % du PIB continental est désormais consacré à la logistique.
La logistique en Afrique converge lentement vers les standards internationaux en matière de coûts et de délais. Néanmoins, les pays enclavés pâtissent toujours d’une logistique déficiente : il reste 2 fois plus coûteux d’acheminer un conteneur d’Abidjan à Ouagadougou que de Shanghai jusqu’au port ivoirien, sur un parcours 16 fois plus court.
La densité des routes en Afrique subsaharienne est environ 5 fois inférieure à l’Asie. Pour les voies ferrées, elle est 4 fois inférieure à celle observée en Asie et 1,7 fois inférieure à celle de la région MENA.
Le rapport a souligné qu’en matière aéroportuaire, « seuls les pays d’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et l’Éthiopie sont dotés d’aéroports de classe internationale. De nombreux projets d’infrastructures, complexes par nature, gagneraient à être mieux structurés », précisant que « beaucoup ne sont pas « bancables » et affichent des taux élevés d’échecs et de retards. Moins de 20 % des PPP annoncés en Afrique sont effectivement mis en place ».
Le rapport a rappelé que « la contribution du secteur privé est en hausse via les partenariats public-privé (PPP), multipliée par 2,6 entre 2001 et 2017 », indiquant « des pays font des efforts majeurs, comme la Côte d’Ivoire, qui, depuis la fin de la crise, a massivement investi dans les infrastructures routières, portuaires et ferroviaires (7 % de son budget alloués aux infrastructures routières) ».