Le nouveau management de Sonatrach et la nécessaire adaptation de la loi des hydrocarbures de 2013 pour une efficacité réelle, renvoient à l’instauration de l’Etat de droit et à l’urgence d’une gouvernance renouvelée. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmamne Mebtoul. « Il faut une adaptation de la loi des hydrocarbures et il y a urgence d’un nouveau management stratégique de Sonatrach », indique-t-il.
Pour lui, Sonatrach s’assimile en 2019 après plusieurs décennies d’indépendance politique, toujours, à toute l’économie algérienne. Le Groupe est le véritable moteur de l’économie algérienne, un fournisseur essentiel des revenus d’exportations, des revenus fiscaux, d’emplois, sa gestion et son image se répercutant directement sur l’ensemble de la société algérienne. D’où l’importance, selon lui, de tracer des pistes d’action car malheureusement, Sonatrach est sortie de ses métiers de base malgré la faiblesse de ses ressources humaines et récemment avec la baisse drastique de ses recettes, faisant double emplois avec d’autres départements ministériels, cette dispersion à vouloir faire tout à la fois a nui à son management stratégique. Par ailleurs, poursuit le professeur, force est de reconnaitre que depuis la promulgation de la loi des hydrocarbures de 2013, Sonatrach n’a pas attiré d’investisseurs potentiels et connaissant une chute de sa production physique, d’où l’importance d’une adaptation face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales.
La Sonatrach a vu ses statuts modifiés à trois reprises par décrets présidentiels, dont le dernier datant du 11 février 1998 avec pour souci de mettre en adéquation les statuts de la Sonatrach (sociétés par actions) suite à la création, en avril 1995, du Conseil national de l’énergie organe suprême de toute stratégie énergétique.
Axes directeurs du changement
Quels sont les axes directeurs d’un nouveau management stratégique de Sonatrach horizon 2030? Pour Mebtoul, le modèle doit prendre en compte l’épuisement inéluctable des réserves d’hydrocarbures à terme, fonction de cinq facteurs, du vecteur prix international, du coût d’exploitation, de la durée de vie du gisement, des découvertes technologiques et des énergies substituables.
Devant encourager un partenariat gagnant/ gagnant avec des firmes de renom, il s’agit de revoir la loi des hydrocarbures qui n’est plus adaptée à la conjoncture actuelle. Le professeur propose dans ce sens, sept axes directeurs. Il s’agit, entre autres, d’écarter complètement la question de penser à la privatisation du Sonatrach qui doit rester la propriété de l’État à 100% et que pour les grands gisements la règle des 49/51% peut s’appliquer. Deuxièmement, pour les petits gisements, en dehors de la propriété de Sonatrach (domaines non encore exploités).
Il y a aussi la nouvelle mouture qui doit s’inscrire dans le cadre d’une véritable transition énergétique, le mix énergétique combinant les énergies fossiles classiques, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dont l’Algérie possède d’importantes potentialités. C’est pourquoi, Sonatrach, face à la nouvelle transition énergétique mondiale, a besoin aujourd’hui, selon le professeur, d’un nouveau management stratégique. Pour lui, Sonatrach doit s’ouvrir sur la société et l’Algérie ne peut continuer dans l’actuelle trajectoire sans vision stratégique avec des subventions non ciblées, le versement de salaires et traitements sans contreparties productives, quitte à aller vers le FMI 2021/2022, avec d’inévitables tensions sociales.