L’Union européenne a formellement prolongé vendredi jusqu’au 31 janvier 2017 les lourdes sanctions économiques qu’elle avait décrété contre la Russie à l’été 2014, en raison de son implication présumée dans le conflit ukrainien, une décision immédiatement dénoncée par Moscou.
Les sanctions, qui arrivaient à échéance fin juillet, touchent notamment des banques, des entreprises pétrolières et de défense russes. Elles ont lourdement pénalisé l’économie de ce pays.
Leur prolongation, attendue après le feu vert donné par les ambassadeurs des 28 pays de l’UE le 21 juin, témoigne de la « poursuite par Bruxelles de sa politique à courte vue », a immédiatement regretté le ministère russe des Affaires étrangères.
« Nous considérons absurde de lier ces mesures discriminatoires contre la Russie, qui ne prend pas part au conflit intérieur ukrainien, au respect des accords de Minsk » par les Russes, a-t-il souligné dans un communiqué, en référence aux accords de paix signés en février 2015, qui n’ont pas réussi à faire cesser le conflit.
Le président ukrainien Petro Porochenko a « exprimé sa gratitude aux dirigeants de l’UE » pour leur « soutien et solidarité sans faille avec l’Ukraine ». « Ceci doit forcer la Russie à appliquer les accords de Minsk et cesser son occupation de la Crimée », a-t-il estimé sur sa page Facebook.
Ces sanctions avait été prises fin juillet 2014 par les Européens pour protester contre le soutien qu’apportait selon eux la Russie à l’offensive lancée par des rebelles prorusses dans l’est de l’Ukraine, quelques jours après le crash (298 morts) de l’avion MH17 de Malaysia Airlines, abattu par un missile alors qu’il survolait cette zone. Moscou a toujours formellement démenti toute implication directe dans ce conflit, qui a fait plus de 9.400 morts en deux ans.
La Russie avait riposté aux sanctions économiques de l’UE par un embargo sur les importations agro-alimentaires de l’UE, qui vient d’être prolongé par le président Vladimir Poutine jusqu’à fin 2017.
- Poutine s’était pourtant dit prêt, mi-juin, à faire « un pas » en direction des Européens, mais le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait douché les espoirs d’une levée rapide des sanctions de l’UE en l’absence d’avancées concrètes dans l’application des accords de Minsk.
Vendredi, l’UE a d’ailleurs publié une vidéo en langue russe sur Twitter pour expliquer cette exigence, alors que le cessez-le-feu est violé quotidiennement sur la ligne de front et que les nombreuses mesures politiques et économiques prévues dans les accords sont loin d’être remplies.
Moscou et Kiev se rejettent la faute du blocage. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, qui ont chapeauté les négociations ayant débouché sur la signature des accords de Minsk, ont fait un point cette semaine avec leurs homologues européens à l’occasion d’un sommet à Bruxelles.
L’UE a demandé aux dirigeants allemand et français une évaluation approfondie pour l’automne prochain. Elle compte se baser sur cet état des lieux dans ses décisions futures sur les sanctions.
« On n’a que ce qu’on mérite! Les sanctions continuent jusqu’à ce que les accords de Minsk soient pleinement mis en œuvre », a insisté vendredi sur Twitter la président lituanienne Dalia Grybauskaité, qui compte parmi les « faucons ».
D’autres dirigeants, notamment le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, ne font pas mystère de leur manque d’entrain à prolonger ces mesures.
Près de 150 personnalités russes et ukrainiennes, dont des proches de Vladimir Poutine, figurent par ailleurs sur une « liste noire » de l’UE: elles sont interdites de visas et leurs avoirs sur le territoire de l’Union sont gelés. Les Européens ont aussi décrété des sanctions spécifiques à la Crimée, annexée par la Russie en mars 2014.
Source : AFP