Les walis sont au creux de la vague. Face à la chute des prix du pétrole et l’amenuisement des caisses publiques, ils sont mis dos au mur pour trouver des mécanismes et faire preuve d’initiative pour piloter le développement local et faire en sorte d’accompagner les investisseurs pour créer de la richesse et de l’emploi. Ils sont aujourd’hui contraints, crise oblige, de trouver des ressources financières en améliorant le recouvrement fiscal et le climat des affaires au niveau local.
C’est ce qui ressort en substance de la rencontre régionale réunissant les quatorze (14) Walis de la zone Est nord et haut plateaux, des wilayas de Bordj Bou Arreridj, Sétif, Constantine, Mila, Skikda, Annaba, El Tarf, Souk Ahras, Tébessa, Jijel, Khenchela, Batna, Oum el Bouaghi, Guelma, présidée ce samedi par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités Locales, Noureddine Bedoui. Cette rencontre la deuxième du genre après celle des régions de l’Ouest, vise, selon le ministère de l’intérieur, l’évaluation de l’exécution des orientations et décisions du premier ministre, comme aussi la préparation de la prochaine réunion Gouvernement/Walis au mois d’août prochain, qui sera consacrée comme rencontre annuelle officielle telle qu’instituée par la présidence.
La réunion de ce samedi a été principalement centrée sur deux axes principaux ; le développement de l’économie locale et la mise en place d’un service public moderne et efficace. Il faut signaler que les travaux de cette rencontre se sont caractérisés par un aspect multisectoriel puisqu’ils ont vu la participation des Secrétaires généraux de différents départements ministériels ainsi que des responsables d’organismes gouvernementaux.
Tout en admonestant les walis, le ministre a indiqué que «les tendances dépensières des collectivités locales ne sont plus tolérées. Le contexte économique actuel est particulier. Les pays dépendants des hydrocarbures sont sérieusement secoués par la crise, mais le nôtre est encore débout, et il le restera encore. Pour cela, chacun doit travailler selon des nouvelles directives du président de la République». Faisant le même constat négatif qu’à Oran, il ya une quinzaine de jours, le ministre a exigé des walis de la réactivité face à la conjoncture économique actuelle marquée par un déficit budgétaire des plus drastiques. Il leur a demandé de réfléchir à la mise en place de mécanismes adéquats pour «enclencher une nouvelle dynamique de développement. Il faut agir maintenant, leur a-t-il signifié. Une feuille de route doit être élaborée dans ce sens. Il faut qu’on le dise haut et fort, nous sommes tous défaillants. Les taxes foncières ne représentent que 2% des rentrées d’argent. Il faut relever le défi, le pétrole, c’est fini » a-t-il martelé.
L’urgence d’un nouveau modèle de gestion
Le ministre de l’intérieur a en outre exhorté les walis en leur qualité de représentants du gouvernement, à « opter pour un modèle de gestion professionnel ». «C’est au wali de diriger ses équipes, a-t-il indiqué, de secouer les directeurs des secteurs. Et si les élus des assemblées ne font pas leur travail, alors c’est à lui de proposer des solutions». Le ministre a, à cet effet, annoncé la révision des statuts et la réorganisation de plusieurs organismes qui ne jouent pas pleinement leurs rôles dans la collecte des impôts et dans l’efficience économique.
Il faut rappeler également que les collectivités locales sont souvent mises à l’index quant aux lenteurs bureaucratiques qui freinent les investissements. A ce titre, il a été relevé que 401 zones d’activités sont à l’arrêt à cause de problème de viabilisation, 4 wilayas de l’Ouest n’ont jamais bénéficié d’investissements, 81% d’investisseurs bénéficiaires d’assiettes foncières, attendent leurs titres de concession et une litanie de demandes d’autorisations et d’études d’évaluations qui trainent en longueur à cause de la centralisation des pouvoirs.
Il faut souligner également que les communes tirent leurs ressources financières de la fiscalité qui demeure trop faibles, assurée à plus de 50% par la TAP (taxe sur l’activité professionnelle), en outre, à signaler l’absence de fichier ayant trait au patrimoine des communes et à une carte nationale d’investissement. Le foncier industriel est également l’un des plus éprouvants problèmes que rencontrent les investisseurs du fait de l’anarchie qui caractérise ce segment. A ce sujet, on relève un total de lots attribués et non occupés par les investisseurs bénéficiaires s’élevant à 7740 lots qui totalisent une superficie de 2207 ha. Un potentiel d’assiettes foncières important qui pourrait être récupéré et transféré aux investisseurs privés aux projets sérieux et fiables qui sont en attente.