L’Espagne va retourner aux urnes le 10 novembre pour la quatrième fois en quatre ans, le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez n’étant pas parvenu à obtenir les soutiens nécessaires à sa reconduction au pouvoir. « Le pays est voué à (organiser) de nouvelles élections le 10 novembre », a reconnu mardi M. Sanchez après avoir été reçu par le roi d’Espagne Felipe VI qui menait depuis lundi des discussions de la dernière chance. « Le résultat (des consultations du roi) est clair: il n’y a aucune majorité à la chambre des députés pouvant garantir la formation d’un gouvernement », a ajouté le socialiste qui a remporté le dernier scrutin du 28 avril mais sans obtenir de majorité absolue. « J’ai essayé par tous les moyens mais ils m’ont rendu la tâche impossible », a-t-il encore dit en référence à ses adversaires qui l’ont eu accusé d’avoir voulu dès le départ de nouvelles élections.
Le palais royal avait indiqué un peu plus tôt que le souverain ne proposerait pas de candidat au poste de chef du gouvernement, aucun « ne comptant les appuis nécessaires pour que la chambre des députés lui octroie sa confiance ».
L’Espagne souffre d’instabilité politique depuis que le bipartisme a volé en éclats en 2015 avec l’entrée en force au Parlement de la gauche radicale de Podemos et des libéraux de Ciudadanos. Le Parlement est encore plus fragmenté depuis l’émergence de l’extrême droite de Vox au dernier scrutin.
Dans un contexte délicat pour l’Espagne sur fond de ralentissement économique et à quelques semaines de la sentence judiciaire ultra-sensible contre douze indépendantistes catalans, cette nouvelle impasse va entraîner la dissolution automatique du parlement le 23 septembre et la convocation d’un quatrième scrutin en quatre ans.
En juillet, M. Sanchez avait échoué à obtenir la confiance des députés, faute d’accord avec la gauche radicale de Podemos sur un gouvernement de coalition. Les discussions avec Podemos avaient repris depuis mais sans sortir de l’impasse. La gauche radicale exigeait toujours de rentrer au gouvernement alors que les socialistes proposaient eux un simple programme commun. Le parti libéral Ciudadanos a bien fait une offre surprise de dernière minute mais elle semblait vouée à l’échec. Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, avait proposé l’abstention sous conditions de sa formation et celle des conservateurs du Parti Populaire, pour faciliter l’investiture de M. Sanchez, dont il ignorait jusque- là les appels du pied. Mais il exigeait en échange que M. Sanchez s’engage à ne pas gracier les indépendantistes catalans s’ils sont condamnés prochainement par la Cour suprême pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. Et il réclamait aussi que les socialistes défassent le gouvernement régional qu’ils ont formé en Navarre (nord) et s’allient à la droite afin que leur majorité ne dépende pas du parti séparatiste basque Bildu. Dans tous les cas, le PP, dont les voix étaient indispensables pour que cette offre prospère, a rejeté cette proposition.
Net vainqueur des législatives du 28 avril et des européennes de mai, le Parti socialiste de M. Sanchez reste favori des sondages et pourrait gagner des sièges à la chambre des députés où il en compte 123 sur 350.
Mais selon les dernières enquêtes d’opinion, il ne semble pas en mesure d’obtenir à lui seul la majorité absolue, ce qui laisserait entier le problème de la formation d’un futur gouvernement. « Le nouveau parlement pourrait ressembler à l’actuel (…) la formation du gouvernement serait donc loin d’être facile » et « il est donc peu probable que le pays ait un nouveau gouvernement en fonctions d’ici la fin de l’année », estime dans une note Antonio Barroso, analyste chez Teneo. Face à ce risque, M. Sanchez a demandé aux Espagnols de se prononcer pour lui « encore plus clairement » pour que l’Espagne « prenne une fois pour toutes le chemin de la stabilité ».
Afp