L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a mis en garde jeudi sur le « défi » énorme que pose la hausse de la production américaine pour l’équilibre du marché pétrolier, tout en réitérant ses prévisions de croissance de la demande mondiale. « Pour la seconde moitié de 2019 nous maintenons l’opinion qu’avec des cours du pétrole actuellement environ 20% plus bas qu’il y a un an, il y aura du soutien pour les consommateurs », indique l’Agence basée à Paris dans son rapport mensuel.
Selon l’AIE, la demande mondiale augmentera de 1,1 million de barils par jour (Mb/j) en 2019 et 1,3 Mb/j en 2020. Mercredi, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait au contraire légèrement abaissé ses prévisions, sur fond de ralentissement mondial. Selon l’OPEP, la demande progressera de 1,02 million de barils par jours (Mb/j) en 2019 et 1,02 Mb/j en 2020. L’AIE, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, s’interroge aussi sur l’offre, au jour où l’OPEP et son partenaire russe (qui forment le groupe dit OPEP+) se rencontrent à Abou Dhabi pour évoquer de nouvelles baisses de la production pour soutenir les cours. Début juillet, l’OPEP et ses alliés avaient déjà décidé de reconduire jusqu’en mars 2020 l’accord trouvé en décembre 2018, visant à réduire leur offre cumulée de 1,2 million de barils par jour (Mb/j) par rapport à leur production d’octobre 2018.
L’Arabie saoudite, pays chef de file du cartel, est dotée depuis le 8 septembre d’un nouveau ministre de l’Énergie, le prince Abdel Aziz ben Salmane, qui s’est déclaré favorable à la poursuite de la politique de la baisse de la production. C’est « une personnalité bien connue et expérimentée », rappelle l’AIE. « À ce jour, le soutien à l’accord a été élevé mais les données publiées pour le mois d’août avant la réunion (de jeudi) montrent que le taux de conformité recule », souligne-t-elle. Ainsi la Russie, l’Irak et le Nigeria ont pompé plus que prévu, mais l’Arabie a diminué d’autant ses extractions, ce qui en fait plus que jamais la clef de voûte de l’accord. « Bientôt les producteurs de l’OPEP+ vont de nouveau voir la production de pétrole non-OPEP grimper, avec un équilibre de marché implicite replongeant dans un excédent significatif et une pression sur les cours », remarque l’AIE.
En effet, les efforts de restriction du cartel sont en partie mis à mal par la production abondante en provenance des États-Unis. « Le défi de la gestion du marché reste considérable et ce sera encore le cas pour une bonne partie de l’année 2020 », conclut l’AIE.
Mercredi, l’OPEP avait également souligné les risques posés par la hausse attendue des pays extérieurs au cartel, comme les États-Unis. Elle avait appelé à « la responsabilité partagée de tous les pays producteurs pour soutenir la stabilité du marché pétrolier afin d’éviter une volatilité indésirable et une rechute potentielle dans un marché déséquilibré »
Afp