Accueilla deuxMarché de blé algérien : Les exportateurs français inquiets pour leur position

Marché de blé algérien : Les exportateurs français inquiets pour leur position

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Les exportateurs de blé français s’inquiètent de plus en plus de perdre leur position de premiers fournisseurs du marché algérien.

En effet, la rude concurrence imposée par des pays comme l’Ukraine et la Russie sur les marchés de blé des pays nord-africains comme l’Algérie et le Maroc, suscite des inquiétudes chez les exportateurs de blé français qui craignent de voir leur position de premiers fournisseurs de ces marchés s’effriter.

« La compétition est de plus en plus ouverte et la concurrence de plus en plus vive. La France a longtemps eu des marchés captifs, comme l’Algérie et le Maroc. Aujourd’hui, ces grands pays testent d’autres origines, comme la Russie, qui a fait de très gros progrès en quantité et en qualité », a expliqué Michel Portier, directeur général d’Agritel, société de conseil en gestion sur les marchés agricoles, dans une interview accordée au journal Les Echos.

« Mais nous sommes aussi nouvellement concurrencés au Maghreb par l’Ukraine, le Kazakhstan et la Roumanie. En clair, la France est en train de perdre des chasses gardées. Il y a vingt ans elle faisait 6,5 % du blé mondial. Aujourd’hui 5 % », a précisé M. Portier.

Toutefois, a -t-il estimé, « la France a de solides atouts parmi lesquels son climat tempéré, qui, à quelques exceptions près comme 2016 l’année des inondations, lui garantit une production stable en qualité et en quantité. Ce qui n’est pas le cas pour la Russie et l’Ukraine. Même si ces deux pays n’en ont pas connu depuis 2012, ils sont beaucoup plus exposés à de grandes variations climatiques, à des épisodes de gel et de sécheresse. »

« Ces dernières années, la Russie et l’Ukraine ont pu effectivement semer beaucoup plus de blé d’hiver. Le réchauffement climatique a libéré des terres gelées en Sibérie. Les voies navigables sont plus ouvertes. Qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, ces deux pays ont enregistré des récoltes records cette année, à 75 millions de tonnes de blé tendre pour la Russie et 28 millions de tonnes pour l’Ukraine. Ce sont les deuxièmes plus hauts niveaux jamais atteints grâce au professionnalisme de leurs agriculteurs », a-t-il expliqué.

Selon lui, l’autre grand atout de la France pour faire face à cette rude concurrence, c’est « les coûts logistiques sont l’autre grand atout de la France. » « La façade maritime et les équipements portuaires à  Rouen, Dunkerque, La Pallice, Fos sur mer… sont extrêmement appréciables et compensent en bonne partie la différence de coûts de production avec la mer Noire », a-t-il dit.

« Les coûts logistiques en Russie sont énormes. Le chargement d’un bateau, c’est 25 dollars la tonne. En France, c’est 4 euros. Mais Vladimir Poutine a commencé à s’y attaquer. Il vient d’annoncer un effort financier de 60 milliards de dollars d’ici 2025 pour assurer le transport des marchandises entre la Sibérie et la Mer Noire, financer des infrastructures, des capacités de stockage et des installations portuaires. L’embargo de l’UE sur la Russie a convaincu le Kremlin de tout mettre en oeuvre pour atteindre l’autonomie alimentaire. Dans le secteur des céréales, la Russie a plus que dépassé cet objectif. Elle va exporter 33 millions de tonnes sur une production de 75 millions », a-t-il conclu.

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