Le coordonnateur du panel de dialogue et de médiation, Karim Younès, a insisté, ce mercredi 28 août 2019; sur la nécessité d’un environnement apaisé avant l’entame du dialogue qui débouchera sur l’élection présidentielle et la sortie de crise que traverse le pays.
Karim Younès a rappelé dans un entretien à TSA, que dès la réception, par le chef de l’Etat, de la délégation de l’instance de médiation, « nous avions insisté sur la nécessité de décider de mesures d’apaisement, pour espérer une adhésion de la population à la démarche globale qui va du dialogue à l’organisation de l’élection présidentielle. Je reste sur la même conviction et espère que les responsables du pays finiront par donner une suite favorable à ces revendications légitimes, afin de créer un environnement apaisé qui puisse convaincre les Algériens à aller massivement à l’élection. »
« Karim Younes est un homme de conviction ; il peut adapter sa position en fonction de la situation et du seul intérêt national, mais ne cède jamais sur les revendications légitimes, telles que la libération des détenus du Hirak, l’ouverture médiatique, l’assouplissement relatif au droit de manifester pacifiquement dans la capitale », a-t-il déclaré, en précisant que « je n’ai plus rencontré le président d’Etat, ni un de ses représentants. Il sera destinataire du rapport final, dans lequel seront consignés les résultats des concertations et les entraves rencontrées dans l’exercice de notre mission. »
A la question : « Qu’envisagez-vous de faire si les mesures d’apaisement ne sont pas décrétées à la fin de votre tournée des partis et des personnalités ? », Karim Younès a expliqué : « Mes collègues et moi-même n’avons pas manqué de rappeler la nécessité de respecter l’engagement du chef de l’Etat, quant à la concrétisation des mesures d’apaisement. Dans le cas contraire, chaque partie assumera ses responsabilités, nous avons assumé la nôtre en défendant la nécessité de créer un environnement apaisé, avant d’aller au scrutin présidentiel. »
Karim Younès espère que l’exemple du détenu du Hirak libéré à Annaba soit suivi pour les autres manifestants arrêtés. « Je salue la libération du détenu de Annaba, qui traduit le courage et le sens digne de la profession manifesté par la magistrate concernée. J’espère que cet exemple sera suivi pour les autres détenus, dont le motif d’arrestation ne peut en aucun cas être pénalement justifiable », a-t-il dit.
Concernant les accusations portées à l’encontre de l’instance qui « rencontre des faux représentants du Hirak », Karim Younès a répondu : « Pour parler de faux représentants, il faut d’abord pouvoir en identifier les vrais. Notre rôle n’est pas de vérifier l’authenticité de la représentativité, puisqu’il n’existe pas de critères définis. Aussi nous avons choisi de répondre à tous ceux qui se sont présentés à nous pour contribuer à l’enrichissement du débat. »
L’instance de médiation et de dialogue n’a pas la prétention de s’approprier le monopole du dialogue
S’agissant de l’évaluation des résultats des consultations effectuées jusqu’à aujourd’hui par l’instance après un mois de son installation, Karim Younès, tout en regrettant « l’hostilité dont a fait l’objet notre instance, depuis sa création, ce qui m’avait laissé quelque peu réservé, quant à la possibilité de réussir à faire adhérer du monde à la démarche de dialogue », il s’est dit « agréablement surpris par la réaction que je considère responsable, des acteurs de la société civile et politique, qui ont répondu favorablement à notre invitation et ont contribué à enrichir les débats pour une meilleure approche de la solution à la crise que traverse notre pays », en ajoutant que « nous rendrons public le bilan chiffré des associations politiques et autres acteurs rencontrés. Bien entendu, suivi d’un résumé des convergences des différentes expressions politiques. »
En réponse à une question si « le panel a-t-il suffisamment avancé pour mettre en place l’instance électorale dans les prochaines semaines, comme l’a demandé le chef d’état-major de l’ANP dans son dernier discours ? », il a expliqué que « les débats autour de l’ensemble des questions concernant le prochain scrutin présidentiel ne sont pas achevés. La proposition de l’instance, dans sa composante et ses prérogatives, viendra parachever le cycle de concertations avec les acteurs de la vie politique nationale. »
Sur les rencontres de l’opposition qui ont entamé leur propre dialogue, Karim Younès a affirmé que « l’instance de médiation et de dialogue que j’ai l’honneur de coordonner n’a pas la prétention de s’approprier le monopole du dialogue », en soulignant que « toute initiative qui peut contribuer à la solution de sortie de crise et à l’édification d’un Etat juste et démocratique, tel que souhaité par notre peuple, est la bienvenue. Nous ne sommes pas en concurrence, mais j’espère en complémentarité. »