L’avenir de l’économie nationale préoccupe de plus en plus les experts et analystes. Pour le professeur Abderrahmane Mebtoul, les fluctuations tant de la balance commerciale que celle plus significative de la balance des paiements ayant des incidences sur le niveau des réserves de change renvoie à ce constat amer : l’Algérie depuis l’indépendance politique est une économie fondamentalement rentière, le système financier, enjeu énorme de pouvoir, étant étroitement connecté à la production de la rente et expliquant une partie de la corruption qui a pris ces dernières années une ampleur inégalée.
Toute augmentation ou baisse du cours des hydrocarbures avec les dérivés (98/97% des recettes en devises) ont eu des incidences à la fois économiques et politiques comme en témoigne les impacts politiques de la crise de la baisse du cours entre 1986/1990, selon le professeur. Le cours du pétrole a subi une baisse brutale étant coté le 14 aout 2019 à 60,33 dollars pour le Brent et à 55,92dollars le baril pour le Wit suivi du cours sur le marché libre du gaz naturel , représentant 33% des recettes de Sonatrach en 2018, coté également le 14/08/2019 à 2,11 dollars le MBTU ayant fluctué ces 12 derniers mois entre 4,93 e t 2,06 le MBTU, où à ce cours l’Algérie peinera à couvrir les frais de production et d’avoir des incidences négatives sur le plan politique, économique et social
Pour MMebtoul, comprendre la crise actuelle implique de saisir les liens dialectiques entre la production de la rente –Sonatrach- et sa distribution à travers le système financier notamment les banques publiques qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés expliquant que la réforme profonde du ministère des finances qui doit être couplé avec celui du ministère du commerce (une seule DG suffirait) pour plus de cohérence, responsable de nombreuses licences d’importation et autres autorisations de complaisance.
« La réforme du système financier, intimement liée à la démocratisation de la société et à la liberté d’entreprendre sans contraintes bureaucratiques ne saurait se limiter à la rapidité de l’intermédiation à travers l’informatisation, pourtant nécessaire, n’a jamais eu lieu depuis l’indépendance politique, car étant un enjeu crucial de luttes de pouvoir de redistribution de la rente à travers des relations de clientèles diffuses. Sans sa réforme profonde autant que celle de des institutions (l’administration centrale/locale) et de la justice, il serait utopique de s’attaquer à l’essence de la corruption, se limitant à des actions conjoncturelles où demain les mêmes causes produiront les mêmes effets de corruption si l’on maintient les mêmes mécanismes de régulation », estime-t-il.
La réforme urgente, doit toucher, selon lui, toutes les structures du Ministère des finances où des audits poussés doivent être entrepris pour combattre les dysfonctionnements: toutes les banques publiques notamment les directions et sous directions de crédit avec leurs annexes régionales, qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés, les caisses de garanties octroyant parfois des garanties de complaisance comme cela a été constaté récemment, la DG de la fiscalité avec ses annexes régionales avec ses antennes régionaux, avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source, les domaines avec ses annexes régionales, avec ses antennes régionaux, incapables d’avoir un registre cadastre transparent afin d ‘éviter le bradage du patrimoine national et la douane avec ses annexes régionales, sans tableaux de la valeur reliés aux réseaux tant nationaux et qu’internationaux, comme je l’ai préconisés entre 1982/ 1983 en tant que haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes qui n’a jamais vu le jour car touchant de puissants intérêts rentiers.