L’assureur français Axa a joué la prudence mardi à l’occasion de la présentation de son plan stratégique à horizon 2020, prévenant que les taux bas risquaient de peser sur ses résultats au cours des années à venir.
« On tient compte des réalités du moment. On a voulu faire un plan réaliste », correspondant à « un certain nombre de situations et de scénarios », a expliqué lors d’une conférence téléphonique Gérald Harlin, directeur financier du groupe.
Ainsi, le groupe s’attend à faire croître son résultat opérationnel par action et par an de 3% à 7% en moyenne et vise un retour sur fonds propres (ROE) compris entre 12% et 14%.
Ces indicateurs se situent à un niveau inférieur à celui de la précédente feuille de route du groupe, qui portait sur 2011/2015. Celle-ci prévoyait un ROE entre 13% et 15% et une hausse du résultat opérationnel par action entre 5% et 10% par an en moyenne.
Car l’environnement de taux d’intérêt bas pénalise en ce moment lourdement la rentabilité des assureurs et le contexte pourrait être amené à durer.
C’est pourquoi Axa s’attend à ce que son impact sur son résultat opérationnel soit compris entre -5% si les taux restent à leurs niveaux actuels pendant cinq ans et -1% s’ils remontent graduellement durant cette période.
Dans le même temps, les actions que lance le géant français de l’assurance, dont la réalisation de 2,1 milliards d’euros d’économies avant impôts –sans aucun plan social prévu– ou l’exploitation plus poussée des données des clients, doivent faire augmenter de 8% son résultat opérationnel annuel par action.
En termes de stratégie, le groupe compte poursuivre son développement dans des domaines déjà ciblés, comme l’assurance d’entreprises, la prévoyance/santé et l’Asie, et investir trois milliards d’euros pour concrétiser sa transformation, dans les domaines du numérique, du développement de nouveaux services ou de la formation de ses collaborateurs.
– L’Asie, toujours parmi les priorités –
« Nous devons accélérer nos efforts d’innovation afin de répondre aux changements rapides des attentes de nos clients liés à la numérisation, tout en continuant le développement de nos activités concernant la prévention », a prévenu Thomas Buberl, qui succèdera le 1er septembre à Henri de Castries à la tête d’Axa, cité dans un communiqué.
Selon M. Harlin, le but poursuivi est d’offrir aux clients de l’assureur « une expérience proche de ce qu’ils vivent chez Amazon ou Apple » en termes d’accessibilité et de ne plus seulement être « les bailleurs lorsqu’un sinistre survient ».
En Asie, où il a concentré une grande partie de ses efforts au cours des dernières années, le groupe vise une croissance de 10% à 12% par an de son résultat opérationnel sur la période 2015/2020 et entend atteindre le seuil de 100 millions de clients d’ici 2030.
Il veut aussi être bénéficiaire sur ses seules activités techniques en assurance dommages, grâce à un ratio combiné (indemnisation des sinistres, frais et commissions rapportés aux primes perçues) prévu à 94%-95% en 2020.
Et ce car, jusqu’ici, certains assureurs parvenaient à compenser des pertes sur leurs activités techniques grâce à leurs placements financiers sur les marchés. Or les taux bas amoindrissent les gains de ces placements, et cette solution est donc de moins en moins efficace.
En ce qui concerne sa solvabilité, Axa vise un ratio situé entre 170% et 230%, nettement au-dessus des exigences réglementaires. Fin mars, celui-ci se situait au milieu de cette fourchette, à 200%.
Source : AFP