La sortie de crise en Algérie implique des objectifs précis autour de quatre axes directeurs : dialogue productif, Etat de Droit, démocratie et réformes. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmane Mebtoul pour qui, il ne s’agit pas de créer des commissions administratives auto-désignées bureaucratiquement, éloignées des préoccupations de la société, ancienne culture bureaucratique car le temps presse.
Selon lui, la crise de gouvernance actuelle risque de se transformer en crise économique et sociale avec des incidences géostratégiques isolant l’Algérie de l’arène internationale horizon 2022 avec la cessation de paiement avec l’épuisement des réserves de change, si l’on ne résout pas la crise politique et on ne change pas de cap sur le plan économique , interpellant le Politique et toute la société.
« La construction de la démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles, au vu des expériences historiques, ne se fait pas d’une baguette magique étant un processus de longue haleine et de luttes sociales et politiques. Et la finalité, en démocratie, ce sont des élections transparentes avec une concurrence loyale qui donneront la réelle représentativité tant des segments des partis politiques que de la société civile », indique MMebtoul.
Pour lui, la refondation de l’Etat pose fondamentalement la problématique de la moralisation de la société algérienne renvoyant à l’actualité des analyses ibn khaldoudiennes de décadence de toute société anémique : méditons les expériences du syndrome hollandais (corrélation entre l’aisance financière et la corruption généralisée) , la Roumanie communiste qui avait une dette extérieure zéro mais une économie en ruine et une misère croissante et récemment la semi faillite du Venezuela première réservoir pétrolière mondiale.
Aussi, ajoute-t-il, la refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la Nation de la faire car la gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive.
« Pour l’Algérie, la gestion volontariste depuis l’indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle et, enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont abouti à des changements, menés parfois à la hussarde, qui ont révélé une réalité bien amère : l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation face tant aux nouvelles mutations internes qu’aux nouvelles mutations mondiales », précise le professeur.