Smail Lalmas, un des six membres du panel de personnalités mandatées pour mener la médiation et le dialogue national en vue d’une sortie de la crise politique que traverse l’Algérien, s’est expliqué, samedi, sur sa présence dans cette commission reçue jeudi par le chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah.
Accueilli sur le plateau de la chaîne El Bilad, Smail Lalmas a expliqué que « J’avais conscience des répercussions de me rendre à la présidence et d’accepter de faire partie de cette commission. Il y a ceux qui m’ont de faire attention sur ma popularité, mais, j’ai répondu, que vais-je faire de cette popularité si je ne la mets pas dans l’intérêt de mon pays et du peuple », a-t-il déclaré.
Justifiant sa présence à l’audience qu’a accordé Bensalah aux six personnalités, Lalmas a soutenu qu’il est allé pour arracher des prérogatives et les mettre entre les mains de la commission de dialogue. « Quand on va au dialogue et les différentes exposent leurs points de vue…etc, intervient ensuite le rôle de la commission qui est d’écouter et sortir avec des propositions acceptées de tous. Et ces propositions et décisions doivent être obligatoires, et pour qu’elles le soient, la commission doit avoir des prérogatives, et et notre présence à la présidence c’était pour avoir ces prérogatives, qui permettront à la commission d’avoir des décisions obligatoires » a-t-il expliqué.
Il a affirmé qu’ils s’étaient rendus à la présidence pour étaler les revendications du Hirak que sont : le départ du gouvernement, la libération des détenus du Hirak incarcérés pour avoir portés le drapeau Amazigh, la libération du Moudjahid Lakhdar Bouregaâ, la libération du champs médiatique pour ouvrir un débat libre…etc, et nous avons également exposé la situation économique du pays, a-t-il dit. « On ne pouvait pas faire ce travail avec le téléphone, il fallait dont organiser cette rencontre », a-t-il indiqué.
Selon lui, il fallait aussi montrer au peuple leur démarche, comme il fallait cette reconnaissance de la part du pouvoir de cette commission pour qu’elle ait des décisions obligatoires.
Concernant la réaction de Bensalah quant aux préalables exposés, selon Lalmas, la question des détenus du Hirak, du Moudjahid Bouregaâ, la libération du champs médiatique, levé du siège sur la capitale Alger…etc, peuvent être satisfaites. « Il reste la problématique du Gouvernement. Techniquement, ce gouvernement ne peut pas gérer la période actuelle et rejeté par le peuple et n’est pas crédible. Même si son départ n’est pas revendiqué par le peuple, techniquement, il faut que ce gouvernement parte pour sauver l’Algérie. La situation est critique, surtout sur le plan économique. Il ne peut pas y avoir d’investissements dans un climat pareil, des milliers d’emplois perdus, il y a une paralysie de l’économie », a-t-il expliqué.
Sur la question du départ du gouvernement, Bensalah a dit aux personnalités qu’il a reçu que c’est lié à la Constitution qui stipule que le Chef d’Etat par intérim ne peut pas remanier l’exécutif. Lalmas a indiqué qu’il lui ont expliqué qu’il y a toujours la solution de la démission. « Personne ne va dialoguer avec un gouvernement désigné par Bouteflika. Il faut un gouvernement accepté par le Hirak », a-t-il précisé.
« Si le pouvoir ne satisfait pas à ces contions, Lalmas ne restera pas dans cette commission »
« Si le pouvoir ne satisfait pas à ces contions, Lalmas ne restera pas dans cette commission », a-t-il déclaré, ce qui veut dire, a-t-il ajouté, « il n’y a pas de volonté politique pour sortir de la crise ». « Ces mesures sont fondamentales pour faire réussir le dialogue », a-t-il insisté.
Sur ce qui s’est passé lors du 23e vendredi des marches contre le système à Alger, lorsqu’il a été pris à partie par quelques jeunes qui lui ont dit de dégager en raison de sa participation à la rencontre avec Bensalah, Smail Lalmas a dit qu’il s’attendait à ce genre de réaction, rappelant qu’il a participé à toutes les marches du Hirak et qu’il marchera encore lors des prochains vendredis. « La commission n’est pas contre le Hirak et n’est pas venue pour le casser. Elle est pour ouvrir le dialogue, elle est au service du mouvement », a-t-il expliqué, indiquant que, s’il y a des gens qui ont d’autres solutions les portes de la commission sont ouvertes à tout le monde. » C’est un outil (la commission) civilisé pour une révolution pacifique civilisée », a-t-il déclaré.
Reconnaissant la difficulté de la démarche, notamment, de convaincre les Algériens, Lalmas a affirmé qu’il a accepté de faire partie de cette commission par sacrifice pour le pays. Soulignant qu’il est du côté du peuple qui réclame le départ du système, le changement radical, il a expliqué que, pour le concrétiser, il faut mettre des mécanismes nécessaires pour le faire, notamment, le dialogue et ensuite l’élection présidentielle.
Concernant de la question d’une contrepartie financière pour les membres de la commission, Lalmas a affirmé que leur action est volontaire et qu’il n’y a pas de contrepartie financière.
Sur la participation des partis de l’ex-alliance présidentielle (FLN? RND, TAJ et MPA), Lalmas, tout en affirmant qu’il est contre l’exclusion a refusé que ces formations politiques soit une partie du dialogue, car, a-t-il dit, ils sont à l’origine de la crise actuelle et qu’ils sont rejetés par le peuple. Toutefois, il n’a pas fermé toutes les portes devant ces partis, en expliquant que s’il y a un vrai changement en leur sein ou que des militants de leurs bases connus pour leur positions courageuses et estimés par le peuple, ils sont les bienvenus.
Lalmas a affirmé que les portes de la commission est ouvertes à tout le monde dont la communauté algérienne établie à l’étranger qui a participé activement dans le mouvement populaire depuis l’étranger.