Le PDG de l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (Eniem) de Tizi-Ouzou, Djilali Mouazer, a tiré, ce mercredi 17 juillet 2019, la sonnette d’alarme quant à l’avenir de l’entreprise publique qu’il dirige, et qui, faute du blocage des importations de la matière première nécessaire à son fonctionnement, l’usine est l’arrêt depuis plus de 15 jours et les 1800 employés sont contraints au congé technique. « On risque la disparition de l’Eniem », s’est-il alarmé.
« C’est un congé annuel, par anticipation, que nous avons accordé aux employés de l’entreprise. Pour l’instant, on attend d’un moment à l’autre les décisions du ministre de l’Industrie, c’est une question de jours, pour reprendre la production. Seulement, il est important de souligner que le problème majeur de l’Eniem, actuellement, est le blocage de l’utilisation des crédits par la banque », a expliqué M. Mouazer dans un entretien à El Watan.
La banque, a-t-il ajouté « ne nous donne plus de crédits, même pour l’exploitation et les approvisionnements. C’est un problème qui risque, au plus tard dans deux mois après la reprise des congés, la paralysie totale de l’Eniem, voire une menace sur la pérennité des emplois. C’est là le problème le plus épineux. Le cas de l’autorisation, je pense qu’elle est liée à la conjoncture que vit notre pays ».
« Je sais que cet obstacle peut être résolu incessamment. Le problème le plus épineux, c’est la continuité de l’activité de l’Eniem, qui sera remise en cause dans les prochains mois. On nous a bloqué toute possibilité d’achat. Nous allons épuiser la matière première que nous avons achetée et nous allons rester sans rien faire. Les importations et même le payement de nos fournisseurs sont bloqués aussi par la banque. Nous ne comprenons pas cette situation », a alerté le PDG de l’Eniem.
« On risque la disparition totale de l’Eniem »
Selon M. Mouazer, si le blocage perdure, « les répercussions de cette situation est la perte d’emplois ». « Nous serons obligés d’aller vers un congé technique et un plan social. Tout est prêt sur la table. Nous n’allons pas ramener les gens à rester du matin au soir, à l’intérieur de l’entreprise, sans rien faire. C’est la logique des choses. On risque la disparition totale de l’Eniem », a-t-il encore alerté.
Estimant que, l’arrêt de l’Eniem aura un impact important sur l’économie nationale, et particulièrement sur le climat social de la région, M. Mouazer a précisé que « l’Eniem emploie 1800 travailleurs directs et sans compter les emplois indirects que génère cette entreprise qui était fleuron de l’industrie nationale. »
« Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas »
Pour débloquer la situation, M. Mouazer dit s’être rendu au ministère de l’Industrie, où, a-t-il affirmé, « les responsables sont sensibles à la situation que vit l’Eniem, mais ils ont aussi leurs contraintes avec tout ce qui se passe ces derniers mois dans notre pays. » « Nous avons fait le nécessaire pour résoudre le problème mais, nous comprenons la situation, car nous ne sommes pas les seuls dans ce cas », a-t-il expliqué.
C’est une question nationale qui se pose pour toute l’industrie du pays. Je trouve que c’est évident avec les dossiers et les scandales qui éclatent pratiquement chaque jour, ces dernières semaines. Il y a, peut-être, une remise en cause de la pratique au niveau du ministère. D’ailleurs, c’est le moment pour revoir beaucoup de choses. C’est vraiment nécessaire, justement.
Le plan de mise à niveau dont à bénéficié l’Eniem en 2012 n’est pas consistant
Selon le PDG de l’Eniem de Tizi-Ouzou, le plan d’assainissement et de mise à niveau dont a bénéficié l’Eniem en 2012 n’était pas consistant. « Mais, il faut dire que ce qui est inscrit dans le plan de développement de notre entreprise n’est pas consistant. C’est la mise à niveau des équipements, c’est-à-dire la réparation d’un matériel vétuste. Il n’y a pas eu de projets neufs. L’équipement est dépassé. Notre produit aussi », a-t-il affirmé.
« On aurait dû remettre à neuf tout le processus et envisager plus d’intégration. Nous espérons que la situation s’améliorera au sein de l’Eniem. Il y a un moyen de développer les choses au sein de l’entreprise, car il y a une ressource humaine et un savoir-faire dans la région. Nous pouvons faire beaucoup de choses aussi. Cela dépend, d’ailleurs, des changements de pratiques pour encourager les professionnels de l’industrie », a-t-il estimé.
Préserver les réserves de changes et réduire la facture des importations
Pour rappel, lors d’une réunion du gouvernement présidée par le premier ministre Noureddine Bedoui, des mesures ont été prises pour préserver les réserves de changes et réduire la facture des importations.
Parmi ces mesures, figurent la restriction des importations des collections de kits CKD/SKD destinées pour le montage automobile et destinées pour les industries électronique, électroménager et de téléphone.
De son côté, pour justifier ces blocages, le directeur général du développement industriel et technologique, Mustapha Hamoudi, a expliqué, il y a quelques jours, dans un entretien à l’agence officielle, qu' »un nouveau comité en charge des autorisations d’importation des collections CKD/SKD a été installé au sein du ministère de l’Industrie et des Mines », et que ce comité « ne pouvait pas cautionner des décisions prises par d’anciens membres concernant certaines entreprises. Donc, pour plus de rigueur, il a fallu revisiter certaines décisions, même si elles étaient prêtes ».
Toutefois, il a assuré que ce nouveau comité « traitera les nouvelles demandes d’importation formulées par les entreprises activant dans l’électroménager et l’électronique, mais aussi « les autorisations délivrées, autrefois, par son ancienne composante », affirmant que, les autorisations d’importation (de kits SKD/CKD) en souffrance seront débloquées au fur et à mesure.