Le Fonds monétaire international (FMI), temple de l’orthodoxie néolibérale, vient de procéder à une profonde remise en question de l’efficacité de certains dogmes néolibéraux.
Trois économistes du département recherche de l’institution – Jonathan Ostry, Prakash Loungani et Davide Furceri- ont reconnu, dans un article publié fin mai, que le néolibéralisme et les politiques de dérégulation creusent les inégalités, tout en notant que leurs bienfaits ont été exagérés. «Les bénéfices de certaines des mesures qui constituent une partie importante de l’agenda néolibéral semblent avoir été quelque peu exagérés», ont-ils écrit dans cet article intitulé «Le néolibéralisme est-il survendu?».
Les experts du FMI ont notamment battu en brèche deux piliers de la doctrine néolibérale qui figurent souvent dans la boite à outils traditionnelle des institutions de Bretton Woods : la libre circulation des capitaux et les politiques d’austérité budgétaire. D’après leur évaluation, l’ouverture des marchés de capitaux permet un afflux de liquidités utiles à court terme, mais rend les Etats qui la pratiquent très dépendants des investisseurs étrangers. Et dès que ceux-ci décident de se retirer, le pays qui les a accueillis plonge souvent en récession ou bien se trouve secoué par une grave crise financière.
En ce qui concerne l’austérité, les experts du FMI soulignent que son coût – hausse des impôts, coupes dans les dépenses publiques – peut parfois être «bien plus important» que ses bienfaits. En effet, la consolidation budgétaire recommandée à tout bout de champ par le FMI enclenche parfois un cercle vicieux de baisse de la demande, défiance des investisseurs, récession, et finalement augmentation de la charge de la dette…
Cette autocritique des politiques de dérégulation prônées depuis quarante ans a poussé la direction du FMI à tenter de rectifier le tir. « Cet article a été interprété de manière totalement erronée », a déclaré le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld le 3 juin, ajoutant qu’il ne marquait « aucun changement majeur dans l’approche du Fonds ».
« Personne ne veut d’une austérité qui ne se justifie pas, les pays doivent simplement vivre avec leurs moyens sur le long terme, sans quoi ils seront confrontés à une forme de défaut sur leur dette, ce qui est traditionnellement très coûteux pour les citoyens, spécialement les plus pauvres », a ajouté M. Obstfeld dans un entretien publié dans le magazine du Fonds.
Agence Ecofin