Dans le camp adverse, Boris Johnson, l’ancien maire conservateur de Londres à qui l’on prête l’ambition de succéder à M. Cameron, a riposté en appelant ses compatriotes à envisager « l’énorme risque » que ferait peser selon lui un maintien dans l’UE sur la stabilité du Royaume-Uni.
« Vous devez voter pour quitter (l’UE), ou vous réveiller avec la plus grosse gueule de bois de l’histoire », écrit-il dans une tribune publiée dans The Telegraph, un quotidien conservateur dont les abonnés sont eux-mêmes majoritairement pro-Brexit.
Lundi également, dix syndicats britanniques ont publié une lettre dans le quotidien The Guardian appelant leurs millions d’adhérents à voter pour le maintien.
La livre sterling était chahutée lundi dans un marché des changes inquiet, face à la progression enregistrée par les partisans d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, en tête des sondages à moins de trois semaines du référendum.
Selon une moyenne des sondages établie par le site WhatUKThinks, le camp du Brexit (British Exit) l’emporterait avec 51% des voix. C’est la première fois depuis près d’un mois que les partisans d’une sortie du giron européen passent en tête dans les intentions de vote calculées par cette organisation, qui ne prend pas en compte les indécis.
La livre est tombée dans la matinée à 1,4353 dollar, au plus bas en trois semaines, et baissait face à la monnaie européenne, à 78,61 pence pour un euro – atteignant même en début d’échanges asiatiques 79,05 pence, son niveau le plus faible en trois semaines et demie.
« Les sondages continuent d’être un moteur pour la monnaie qui fait face ce mois-ci à un haut niveau d’incertitude », notait l’analyste Ana Thaker, de PhillipCapital UK, prédisant des fluctuations encore « plus prononcées » à l’approche du référendum du 23 juin.
Pour tenter de reprendre l’avantage, le Premier ministre conservateur David Cameron, chef de file du camp du maintien, a tenu lundi à Londres un meeting aux côtés de responsables du Labour, le principal parti d’opposition, des Verts et du parti Libéral démocrate (centre).
Comme il le fait depuis des mois, M. Cameron a mis en garde contre les conséquences économiques d’une rupture avec l’UE.
« Il est temps que Vote Leave (la campagne officielle pour le Brexit, ndlr) dise la vérité sur son projet économique pour un Royaume-Uni en dehors de l’Europe », a déclaré David Cameron, qui joue son avenir politique et sa place dans l’histoire dans ce référendum.
Un Brexit, a-t-il argumenté, aurait l’effet d’une « bombe » sur l’économie britannique et la condamnerait à une « décennie d’incertitude » en raison des nouveaux accords commerciaux que le pays devrait négocier sitôt sorti du bloc des 28. « Après de nombreux débats et délibérations, nous pensons que les avantages sociaux et culturels d’un maintien dans l’UE l’emportent largement sur les avantages d’une sortie », expliquent-ils.
En attendant le référendum du 23 juin, le pays se préparait petit à petit à l’une ou l’autre des possibilités, et le Financial Times rapportait que les banques britanniques dispensent des instructions à leurs employés pour conseiller leurs clients en cas de Brexit. Avec un mot d’ordre, selon le quotidien financier: les empêcher de « paniquer ».
AFP