Un rassemblement commémoratif sur les massacres du 8 mai 1945 à l’est de l’Algérie par l’armée française coloniale a été organisé mercredi à Paris en fin d’après-midi, à l’appel d’un collectif d’associations, de partis politiques et syndicats.
Malgré le mauvais temps et la pluie, des dizaines de personnes sont venues essentiellement pour revendiquer la reconnaissance par l’Etat français des « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité » commis contre des Algériens qui demandaient l’indépendance de l’Algérie, au moment où le monde occidental fêtait la victoire sur l’Allemagne nazie.
« Nous demandons l’ouverture de toutes les archives, l’inscription dans la mémoire nationale de ces événements par le biais de gestes forts des plus hautes autorités de l’Etat et un soutien à la diffusion de documentaires relatifs aux évènements dans l’Education nationale comme dans les médias publics », telles ont été les revendications réitérées à chaque commémoration depuis quatre ans.
Au cours du rassemblement, les organisateurs ont rappelé que le caractère pacifique des manifestations à Sétif, Guelma, Kherrata et dans la région qui ont été réprimées dans le sang par l’armée, la police, la Gendarmerie et les milices, causant la mort de milliers de civils algériens.
Pour eux, amputer l’histoire commune par l’occultation de ce crime d’Etat « ne permet pas à la France d’en finir avec la page coloniale de son histoire ».
L’association Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA) a estimé, de son côté, qu’il reste encore « beaucoup à dire et à faire » sur les massacres du 8 mai 1945 en Algérie et ceux du 17 octobre 1961 à Paris et sur l’œuvre « criminelle et traumatisante » de la colonisation.
Pour elle, la France « se grandirait en dépassant ce qui reste de son orgueil colonial, un gage essentiel d’une relation apaisée avec l’Algérie, où souffle aujourd’hui un mouvement d’espérance sans pareil ».
A cet effet, le collectif organisateur a demandé au président Emmanuel Macron d’aller « plus loin » dans ses déclarations au sujet de la colonisation française en disant la vérité sur les massacres du 8 mai 1945.
En 2015, le conseil municipal de Paris, rappelle-t-on, a demandé, à l’unanimité, au chef de l’Etat de reconnaître ces massacres comme « crimes d’Etat », une demande qui a été adoptée par des villes comme Rennes, Nanterre et Ivry sur Seine.
Plusieurs manifestations commémoratives ont été organisées dans plusieurs villes de France. A Rennes, un collectif d’associations s’est rassemblé au square de Sétif pour rendre hommage aux victimes des massacres du 8 mai 1945, en Algérie.
« Reconnaître ce crime d’Etat dans l’histoire commune de la France et de l’Algérie, ne peut que permettre à la France d’en finir avec la page coloniale de son histoire, et de favoriser le plein épanouissement des partenariats entre nos deux peuples et nos deux Etats », a-t-on déclaré lors du rassemblement.
Des rassemblements et des cérémonies commémoratives ont été également organisés dans la ville d’Orly. Un hommage aux victimes a été rendu à la place de la Résistance et de Déportation à Saint-Denis (Île-de-France).
APS