On voit mal, désormais, comment le Royaume-Uni pourrait éviter le « no deal ». Ce vendredi les députés de la Chambre des communes ont, pour la troisième fois, voté contre le traité de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, négocié par la Première ministre Theresa May. Une adoption de cet accord cette semaine était la condition de Bruxelles pour que le Brexit soit reporté à la fin mai.
344 députés ont voté contre, seulement 286 pour. La majorité d’opposants s’est une nouvelle fois réduite pour ce troisième vote, mais dans des proportions largement insuffisantes. Les implications de ce vote sont « graves », a déclaré la Première ministre Theresa May, soulignant que le scénario par défaut était désormais un Brexit sans accord au 12 avril.
L’adoption de l’accord était censée permettre au Royaume-Uni de quitter le giron de l’UE le 22 mai, avec une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020, afin d’éviter une rupture trop brutale de liens tissés pendant 46 ans. Elle aurait offert aux Britanniques une sortie de crise après des mois d’incertitude et de disputes quant à la forme que prendra le Brexit.
Ironie de l’histoire, ce vote a eu lieu le jour-même où le Royaume-Uni aurait théoriquement dû quitter l’UE, ce vendredi 29 mars. Mais Londres avait obtenu des dirigeants européens un report pour sortir de l’impasse au parlement.
Le gouvernement britannique a désormais jusqu’au 12 avril pour proposer un plan B aux dirigeants de l’Union européenne. Sinon, le Royaume-Uni quittera ses partenaires européens sans accord (« no deal »), et sans transition, un scénario cauchemar pour les milieux économiques.
Dans une ultime tentative pour sauver ce traité, Theresa May avait promis mercredi qu’elle quitterait ses fonctions si son texte était approuvé, cédant aux appels d’élus de son camp qui conditionnaient leur soutien à sa démission. Cette offre avait certes convaincu certains eurosceptiques de rentrer dans le rang, comme son rival et ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, de crainte que le Brexit finisse par leur échapper.
Mais pas le petit parti nord-irlandais DUP, qui lui assure une majorité absolue de justesse au Parlement. « Nous ne pouvons être d’accord avec un texte qui pose un risque stratégique à l’union » de l’Irlande du Nord et de la Grande-Bretagne, a proclamé sa cheffe Arlene Foster dans une vidéo publiée sur Twitter.
En cause, les dispositions de l’accord relatives au « backstop », ou filet de sécurité, qui prévoient, en l’absence d’autre solution, le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE et un alignement plus poussé de Belfast sur les normes européennes, afin d’éviter le retour d’une frontière physique sur l’île d’Irlande
Le prochain épisode de la saga du Brexit aura lieu lundi, les députés devant tenter de s’accorder sur une alternative au plan de Theresa May. Mercredi, ils avaient échoué à réunir une majorité sur huit scénarios proposés
Afp