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Situation en Algérie : Le Washington Post fait le parallèle avec la situation vécue en Egypte en 2011

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Le journal américain «The Washington Post» a fait, dans son édition de ce jeudi 14 mars 2019, le parallèle entre la situation actuelle en Algérie et celle qu’a vécu l’Egypte en 2011 suite à la révolte populaire qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak après près de 30 ans de règne.

«En Égypte et en Algérie, l’armée est la force la plus puissante dans les coulisses et le degré de centralisation du régime est essentiel pour comprendre la capacité de ces régimes à s’adapter et à surmonter les crises politiques», a estimé le journal américain.

Pour le Washington Post, comme dans la période qui a précédé l’éviction d’Hosni Moubarak en Égypte, «l’État profond «Deep State» algérien cherche des moyens de sortir d’une situation précaire. Il essaie de donner l’illusion de concessions et une transition qui permettent à ceux qui en font partie de préserver le système et leur place dans le système».

Les manifestants en Algérie peuvent éviter deux erreurs majeures commises en Égypte

«Alors que chaque pays a ses caractéristiques politiques et économiques uniques, les manifestations et la réaction du régime en Egypte à partir de 2011 peuvent offrir quelques leçons aux Algériens», a écrit le journal américain, qui a estimé que «le rôle dominant de l’armée et des élites politiques et économiques connectées signifie que l’état profond de l’Algérie ne disparaîtra pas du jour au lendemain».

Mais, selon la même source, «les manifestants peuvent éviter deux erreurs majeures commises en Égypte, d’une part, en insistant sur des réformes concrètes et en refusant d’être apaisées par la destitution de personnalités du régime et, d’autre part, en ne sortant pas de la rue tant que leurs exigences n’ont pas été satisfaites».

Le WP rappelle la révolte populaire en Egypte et ce qui s’est passé ensuite

«Le 1er février 2011, après une vague de manifestations historique, Moubarak a prononcé un discours dans lequel il a reconnu les revendications des manifestants égyptiens. Il a nommé un vice-président et annoncé qu’il ne se représenterait pas», a rappelé le WP, selon lequel «cette stratégie, perçue par le régime comme une concession massive absorbant la colère des manifestants, n’a pas fonctionné. Comme ce fut le cas lors des récentes réactions aux concessions de régime en Algérie, le mouvement de protestation s’est poursuivi».

«Les manifestants à travers le pays ont réagi avec fureur lorsque Moubarak n’a pas démissionné lors de son discours du 10 février. L’armée, comprenant la volatilité de la situation, a finalement retiré son soutien et a démissionné le lendemain. Les manifestants ont quitté la place Tahrir et sont rentrés chez eux avec la promesse que l’armée ouvrirait la voie à un régime civil», a rappelé encore le WP.

Pour le journal américain, les égyptiens se sont trompés, du fait que «en 2019, l’état profond (Deep State) de l’Égypte est plus fort que jamais. Le régime du président Abdel Fatah al-Sissi s’est avéré très adaptable et il est souvent décrit à présent comme « pire que Moubarak ». Il cherche à étendre son pouvoir par le biais d’amendements constitutionnels lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2034, démantelant le pouvoir, gain final du soulèvement de 2011, une limite à deux mandats présidentiels».

Le WP estime que le régime algérien n’était pas préparé aux manifestations massives

«La logique du régime était d’encourager Bouteflika à briguer un cinquième mandat en 2019 pour éviter le risque d’un vide du pouvoir, réel ou perçu. Cependant, le régime n’était pas préparé aux manifestations massives qui ont éclaté», a estimé le WP.

Selon le même journal «l’Etat croit toujours qu’il peut tenir le spectre d’une guerre civile et le potentiel d’un scénario similaire à celui de la Syrie, en supposant que, s’il dépeint un tableau noir et blanc clair de la stabilité par rapport à l’anarchie, choisissez le premier, en particulier à la lumière de la décennie noire au cours de la guerre civile algérienne».

«L’annonce faite cette semaine par Bouteflika de ne pas briguer un nouveau mandat emprunte une pièce du livre de jeu égyptien», a expliqué le journal américain. «En annulant la prochaine élection, l’octogénaire Bouteflika a effectivement prolongé son mandat présidentiel pour une durée indéterminée, permettant ainsi au Pouvoir de mettre en place une transition favorable ne menaçant pas ses intérêts», a expliqué encore le WP.

La même source a expliqué que, la nomination par Bouteflika au poste de Premier Ministre du ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, loyaliste de longue date au régime, est «exactement ce que Moubarak a fait lorsqu’il a nommé Ahmed Shafik au poste de Premier ministre lors des manifestations de 2011».

Le peuple algérien acceptera-t-il cela?, s’interroge le WP

«Le pouvoir exécutif centralisé, ainsi que le rôle enraciné de l’armée et du FLN, confère au pouvoir algérien une grande capacité d’adaptation et de survie face à cette crise politique», a analysé le WP. En d’autres termes, a-t-il ajouté «un scénario similaire à celui de l’Égypte est une possibilité élevée. Des concessions seront faites et les grandes personnalités du régime seront sacrifiées».

Mais, pour le Washington Post «la question qui se pose est: le peuple algérien acceptera-t-il cela?», et d’ajouter que «la présence, c’est le pouvoir, et laisser les rues sans résultats concrets signifiera probablement que Bouteflika se dressera et que le Pouvoir restera en place.

«Les semaines à venir seront cruciales pour montrer si les Algériens vont pouvoir avancer ou se retrouver avec un soulèvement avorté comme celui de l’Égypte», a conclu l’article du Washington Post.

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